Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Philosophie d'Alan Watts
20 janvier 2014

Trajectoire & Cheminement 2/3

Trajectoire & Cheminement 2/3, A

 

En comparant implicitement nos existences à la trajectoire d'une balle ou d'une boule, je pensais disposer sur la table de quoi nourrir une bonne plaisanterie, une bonne blague. Un intermède, c'est fait pour rire, détendre l'atmosphère en attendant mieux. C'est aussi amener et préparer « le sujet ». Et, il est bien certain que notre ego est jeté dans l'existence telle une balle ou une boule dont la trajectoire (le sens, la durée, les plaisirs comme les embêtements) n'est pas toujours bien contrôlable. Pan ! On naît, on meurt, et il arrive même que l'on ait pas le temps de se demander pourquoi ou comment une telle chose puisse se produire. (Se poser la question s'appellerait d'ailleurs philosopher ; y répondre se situerait plutôt côté folie ou débilité mentale...

faut être fou de croire que la cible visée soit le bonheur ou par défaut le plaisir ; et complètement débile pour croire que nous existons pour exister puisque nous existons et que nous ne mourrons jamais que pas simple cessation de l'existence.)

Bien entendu, ayant inséré l'idéogramme de la Force Qui Est en Vous1 et cru bon de lier cheminement (processus actif) à trajectoire (généralement passive), je laisse deviner une orientation. D'autre part, il n'est pas possible de créer un effet comique sans d'abord « noyer le poisson » comme le prestidigitateur attire l'attention sur de la frime pour dissimuler ses manipulations.

J'ai pris soin de réduire la définition d'une trajectoire à « puissance de lancement, poids et distance » + la cible ! … si on y tient. (ce « + la cible » étant inutile dans la mesure où elle est contenue dans la motivation - et/ou puissance de lancement - ; je peux comprendre que l'on juge absurde l'existence toute entière, mais devant l'existence d'une envie de chocolat il faut bien que je me demande comment m'en procurer pour satisfaire cette même envie...).

 

Psychothérapie... pourrait se résumer d'une seule phrase : la distinction philosophique orient et occident n'est plus possible géographiquement, la planète Terre s'étant unifiée par la/les science(s) humaine(s). (Que l'économie, supposée gestionnaire des diverses dépenses « énergétiques » physiques et psychiques de l'humanité, soit devenue une abstraction idolâtrée n'y change rien.)

L'ouvrage ayant 55 ans d'age, mon idée était et demeure de l'actualiser et de m'en servir comme levier d'une réflexion philosophique plus générale sur l'apport de l’œuvre d'Alan Watts, qui – Hélas ! Hélas ! Trois fois Hélas ! Mais c'est ainsi ! – demeure irremplaçable.

 

Je reviendrai sur mes balles et boules, au comparatisme philosophique et religieux, etc... mais je tiens à continuer d'aller droit au but d'une illustration qui est aussi l'expression de mon amour pour « Sa Majesté Élisabeth Deux, par la grâce de Dieu, reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et de Ses autres Royaumes et Territoires, chef du Commonwealth, défenseur de la Foi », couronnée le 2 juin 1953. Qui, en 1980, rencontre le pape Jean Paul II au cours de la première visite d’État au Vatican d'un monarque britannique, gouverneur suprême de l’Église d'Angleterre. Deux ans plus tard, le pape se rend en Grande-Bretagne, pour rendre la politesse à sa collègue, homologue et égale Chef d’Église. (Juste pour caresser mes visiteuses dans le sens du poil : on comprend ici que la question des prêtres mariés ou des femmes prêtres, Évêques etc. ne peut se poser de la même manière dans une Église Anglicane assez misogyne parfois mais dont la Chef est une femme et l’Église Catholique qui semble trop souvent faite par des hommes pour des hommes.)

Ceci étant un intermède, et un intermède devant être de détente, on me permettra de rapporter des éléments qui soutiennent mon indéfectible respect ; lequel si j'en crois r fi lundi 06 février 2012 est assez british : «Les Britanniques peuvent être contre la monarchie mais pas contre la reine», résume un journaliste anglais, une façon de dire que si le système monarchique peut être discuté, le personnage de la reine demeure inattaquable, à travers les générations.

Cela fait pas mal de temps, lorsque je pratiquais intensément le « Yoga » en vue d'en arriver au « Yoga sans postures » (la manière la plus pratique et populaire de faire comprendre le Zen, avant la venue en France de Maître Deshimaru, un ami m'avait dit qu'il convient d'être aussi impénétrable et impavide que la Reine d'Angleterre ! Quasiment, à priori, tout l'opposé de la spontanéité (Ziran) résultant et/ou accompagnant la Voie du Chan/Zen.

D'abord, un véritable scoop (si j'en crois les deux heures que j'ai dépensées à tenter de trouver un article de journal qui y fasse allusion) : descendant la Tamise, seule à la proue de sa royale péniche, afin de se montrer à son peuple, la Reine était si impavide que sauf tout le respect que je lui dois elle paraissait dormir debout. Une momie ! Brusquement, elle a tendu son bras droit vers l'avant et, se tournant vivement, son bras gauche vers l'arrière. Double mouvement soudain, et accompagné d'un ordre qui devait être impérieux, si j'en crois le véritable bond en avant que firent le Chef du Protocole et je ne sais quel haut dignitaire.

J'imagine que le dialogue se borna à quelque chose du style :

« Qu'est-ce ?

Une animation, Votre Altesse. »

Et, aussitôt, retour de la momie cependant que les deux dignitaires regagnaient leurs places presque aussi vite qu'ils en avaient bondis.

Le nez dans son prompteur, le reporter (!?) continua imperturbablement de décrire les monuments bordant la Tamise. S'il avait regardé son écran, il aurait eu une occasion merveilleuse de parler de la personne même de Sa Majesté... personne qui n'a rien d'une momie mais tout d'une fonceuse ou d'un « garçon manqué », ainsi qu'il était jadis permis de le dire sans être accusé de sexisme !

Que s'était-il produit ?

C'est ce que vous apprendrez en lisant mon prochain billet...

 

 

1Une pub que j'ai dernièrement vue à la télé...

Publicité
Publicité
14 novembre 2014

GAP 01

En guise d'avant propos

 

« Là, Mon Cher Pierre, me suis-je dit, si tu tentes le coup d'un nouvel Intermède, tu vas perdre le peu de visiteurs que tu as. »

Pour simple information, je m'adresse à moi-même en tant que « Mon Cher » tout simplement parce-que j'ai fini par apprendre les vertus de l'amour de soi ; qu'il est difficile d'être en paix avec les autres sans l'être d'abord avec soi-même. Pour le dialogue, de « moi » et de « Mon Cher Pierre », le visiteur voudra bien me pardonner cette implicite prétention d'être une sorte de demi Sage, le parlement intérieur (A. David-Neel), ou les criailleries de la foule en moi (J-P Sartre), s'étant unifiés en moi.... je ne serais plus que deux... donc une moitié de Sagesse... où ne résiderait plus tel un redoutable questionnement du Sphinx, l'interrogation : Qui est le vrai Moi, de « Mon Cher Pierre » ou de cette part de moi qui en a conscience?

Il va de soi que c'est façon de parler. D'autres « personnages » et identifications fallacieuses subsistent encore en moi ; il est seulement vrai qu'au sein de mon parlement intérieur « Pierre » et la conscience de me prendre pour « Pierre » sont à l'image de deux principaux partis de mon « hémicycle intérieur ». Tant qu'à poursuivre l'analogie jusqu'au bout, il me faudrait avouer que je ne sais lequel de ces deux parts de Moi est au gouvernement de mon existence et lequel est dans l'opposition.

(Je rappelle qu'Alan Watts exigeait de ses étudiants, à l'Institut des Études Asiatiques, d'avoir parfaitement compris dans ses arcanes Les Enseignements secrets des bouddhistes tibétains, la vue pénétrante, 1951. Et, à mon avis, lorsque ceux-ci sont compris parfaitement, tout le bazar de l'ésotérisme de salon devient d'une simplicité telle qu'il ne nécessite pas un « bagage culturel » supérieur au niveau de celui qui permet de lire Tintin au Tibet avec plaisir. Par contre, il permet de jouer avec la vacuité sans avoir à s'inquiéter de ce qui part du moyeu central vers la jante ou de ce qui constitue le mouvement de nos existences mais trouve son essence dans le vide central de ses identités. Ce vide de l'identité centrale à quelque chose d'effrayant pour certains ; personnellement ce serait plus l'endroit où mène le roulement de la jante - tout aussi vide de « Moi-je » que son moyeu - qui me donne grand souci.)

Dans mon roman prétendu initiatique, sous des dehors hyper réalistes, j'utilise un truc : la narratrice est une journaliste. A ce titre, il est de son devoir professionnel d'informer, mais en allant au plus court. Une journaliste n'est pas supposé fournir de cours de philo, de psycho, d'art de vivre ou, que sais-je ? d’œnologie, tenez !

Dans ce blog, ici, par définition notes de brouillon, il me faut être un peu plus disert.

En troisième lieu, certaines choses peuvent se dire dans mon roman que je ne puis me permettre dans le cadre de mes billets.

En voici un exemple type : C'est lors d'une fugue dans une abbaye bénédictine que mon héros, prénommé Gérardin, va pour la première fois de son existence rencontrer l'idéogramme Tao   , qu'ensuite renvoyé de la pension d'où il avait fugué, il retourne à Paris , tout le temps d'une année scolaire, il va bénéficier d'un mentor de 43 ans, un chinois du Cambodge, lequel pour lui expliquer le fin mot du Bouddhisme chinois l’emmena voir le film Docteur Jerry et Mister Love (1963), après l'avoir invité à déjeuner à la cantine des étudiants cambodgien. Et, qu'ainsi, pour tout dire, j'ai découvert la gastronomie asiatique, une manière de vivre, l'Orient et les religions extrême-orientales deux ans avant qu'Alan Watts ne viennent y jeter un éclairage de dialogue inter-culturel que rien n'interdit de dire contre-culturel.

J'ai donc décidé de rédiger, ici, des notes d'une approche de loin de mon sujet, en traitant à la fois de mon roman, d'Alan Watts et de moi. Occasionnellement, en citant un « digest » de tel ou tel chapitre. Je suppose, spécimen type, qu'il peut intéresser mes visiteurs habituels d'apprendre comment & pourquoi la mort d'Alan Watts représenta pour moi une terrifiante tragédie et que ce n'est pas seulement le plaisir de le lire qui a fait un disciple de sa philosophie et de ses approches. Je le suis devenu pour sauver ma peau ! Voilà la chose dite, jamais encore avouée.

Tout en y venant, il peut être utilement distrayant.que je raconte la part autobiographique de mon roman et les paradoxes de mon héros, dans ses rapports au sujet de ce blog sur la Philosophie d'Alan Watts. D'un autre côté, à vérifier ici l'infrastructure philosophique des récits contenu dans le roman, je pourrai peut-être en améliorer la clarté et la solidité.

Je ne sais ce qu'en penseront les éditeurs et les lecteurs, mais, pour ma part, je pense avoir écrit un roman initiatique. D'une manière générale, on pourrait faire la même remarque pour tout autodidaxie en n'importe quel domaine. (Un Le Corbusier par exemple, qui n'a jamais obtenu un diplôme d'architecte en bonne et due forme !1 )

L'avantage du roman sur l'essai est l'inutilité de prétendre en rendre raison. On présente des faits, on met en scène des dialogues ou des discussions de groupe sans avoir à se préoccuper de vouloir imposer un point de vue plutôt qu'un autre, ni préjuger du sens du mot, du corps de phrase ou de la réaction de tel personnage qui fera « tilt » chez le lecteur. Comme le disait Julien Cracq dans son « En lisant, en écrivant », chaque lecteur ré écrit le roman selon son vouloir2.

Ce qui m'autorise à faire allusion à mon roman initiatique provient de ce qu'il est aussi tout à fait historique, que la narratrice est une journaliste d'investigation. Ce léger mélange des genres m'a permis d'achever l'auto-analyse de certains problèmes psychologiques qui demeuraient en suspens, oubliés ou carrément déniés dans un coin de ma mémoire.

J'espère aussi intéresser mes visiteurs, qu'en attendant d'entrer enfin dans le vif du sujet (sur Psy-Spi), je m'en approche de loin à la manière de la logique chinoise d'aborder un problème par son extérieur pour mieux le cerner. Un « par l'extérieur » de traitement, mais qui ne relève pas obligatoirement de la dualité sujet-objet. Ce pourtour d'encerclement du cœur du sujet peut être lui-même tout aussi « intérieur » pour l'expérience vécue.

1 J'ai d'ailleurs séjourné une petite semaine dans son Couvent de la Tourette, avant sa restauration. Et, effectivement, ça ressemble plus à une distribution d'espaces, de masses et de lumières qu'à une œuvre architecturale. A certains moments, j'avais l'impression d'être roi d'infini et à d'autres d'être ramené à ma dimension de petit homme. Ce contraste m'avait vivement marqué : comment peut-on quasi simultanément se sentir ouvert sur l'infini, ou ébloui par la beauté, et ramené à sa petit dimension comme en une prison ! J'avais supposé que cela provenait du Beaujolais, disponible librement au robinet du réfectoire. Je m'étais même senti comme pris en faute, lorsqu'une après-midi j'étais descendu au village prendre un ballon de rouge, juste pour comparer. Le Père Hôtelier m'ayant surpris. Du coup, je n'étais plus sorti de l'enceinte des bâtiments conventuels. Du coup, j'ai passé une partie de mon temps à discuter avec le bibliothécaire, dont je rapporte l'un des entretiens dans mon roman, car je lui avais posé LA question à Mille Francs, en lui demandant : « Dites, mon Père, excusez-moi, mais avec tout le respect que je vous dois, vous ne comptez tout de même pas que je lise tous ces livres avant de me faire une opinion sur la religion et les possibilités d’œcuménisme ? » La bibliothèque du couvent comporte au moins cent milles volumes, et - à l'époque en tout cas, était situé dans une sorte de vaste hangar. Rien qu'à regarder vers le haut d'une étagère, on en éprouvait du vertige !

Et, j'ai donc ajouté : « Si je ne pouvais en lire qu'un ou deux, lesquels me conseilleriez-vous ? »

Il me proposa de lui acheter, à bas prix deux ouvrages qu'il avait en plusieurs exemplaires : l'un d'un certain Ratzinger - La foi chrétienne hier et aujourd'hui, 1969, l'autre un ouvrage collectif axé sur la pensée de Paul Ricœur. Sinon qu'il oblige de se soumettre à la rigueur de l'exposé, celui de Ratzinger (Sa – future – Sainteté Benoit XVI) ne présente aucune difficulté. Celui s'appuyant sur la pensée de Paul Ricœur ne me rebuta pas quant au style. Mais, les articles étaient complexes et je n'ai surtout retenu que cette idée première, que les fondamentalistes de tous bords feraient bien d'étudier : les textes sacrés ne doivent pas toujours être pris au pied de la lettre ; ils requièrent impérativement une interprétation, une herméneutique. Croire que tel ou tel grand prophète parvint à Jérusalem en telle ou telle année ne saurait nuire à personne, mais croire que « les murs de Jérusalem » en furent ébranlés ne saurait signifier qu'il s'empara d'un marteau ou d'une barre à mine pour le démolir au même sens littéral où les allemands entreprirent littéralement de supprimer le mur de Berlin fin 1989. Entreprise dont ils ne seraient d'ailleurs pas parvenu à bout et aussi vite (un an pour le mur en centre ville, deux ans pour l'ensemble de ce mur dit « de la honte ») sans l'intervention de diverses machines très puissantes. Comme aucun prophète n'entreprit de démolir les murs eux-mêmes, que le texte n'est pas à prendre dans son sens littéral, que signifie « ébranler les murs de Jérusalem » ?

 

2 Information anecdotique : j'ai eu l'occasion de le rencontrer dans les couloirs du Lycée Claude Bernard, où il nous fit cette déclaration qui n'encourt pas le risque de devenir célèbre « Faites les imbéciles autant que vous voulez, mais je vous précise que le Censeur va passer par ici d'une minute à l'autre ». (Nous étions en train de chahuter dans un endroit interdit.) Il disait vrai : une trentaine de secondes ensuite, nous entendîmes le pas caractéristique du Censeur et il nous fallut bien prendre nos jambes à nos cous, le plus silencieusement possible, pour lui échapper. Là non plus l'anecdote, pour amusante qu'elle soit, n'a aucun rapport avec la philosophie d'Alan Watts. Pas plus, du reste, que la publicité réciproque que se firent François Mitterand et Julien Cracq à l'occasion de la parution de En lisant, en écrivant. (Une excellente photo de Paris-Match montre Mitterand en avion, lors de la campagne électorale pour sa première élection, lisant ostensiblement Julien Cracq, le titre parfaitement visible.)

29 novembre 2014

GAP 02

En Guise d'Avant Propos 02

Sans rien déflorer encore du roman pour aujourd'hui, je voudrais placer ce billet un peu en amont du thème des rapports entre Alan Watts, Arnaud Desjardins et mon propre parcours.

Métaphysiquement, ils ont en commun(1) de s'appuyer sur une continuité de l'immanence et de la transcendance panenthéiste. (=> le « divin » est en tout, contient tout, mais est aussi quelque chose de plus grand que la transparence spirituelle du dedans et du dehors. Je rappelle que Watts disait que le Tao est un « dieu impersonnel ».)

Personnellement, le terme d'ésotérisme et celui de comparatisme (cf. Etiemble) me sont familiers. Je les utilise donc. Mais, chacun peut traduire en mots plus académiques : les plus approchants se nomment transversalité, avec sa cohorte de pluridisciplinarité, transdisciplinarité, polydisciplinarité ; au plan du discours (ou de la fabulation romanesque), toutes les questions de méta-textes et de transtextualité. Car – et là, je suis pédant, ces billets de GAP (en guise d'avant-propos) seront donc des reflets de l'intertextualité de deux méta-textes, de leur transtextualité, de leurs référents existentiels et occasionnellement de leurs divers dialogues, qui ne sauraient éluder la transversalité des contenus quant à leurs incidences sur la vie quotidienne.

Il importe de se rappeler sans cesse – et ici, je suis humble, que je suis le seul à pouvoir emprunter la Voie de l’Éveil (la conscience d’Être Éveillé), ou toute autre entité cachée par son étiquette. Sinon, pourquoi s'intéresser à des auteurs tels que Watts et Desjardins (et leurs inspirateurs et maîtres immédiats) ?

Il ne saurait en être autrement pour le cheminement qui est le vôtre.

&

C'est à chacun de donner sens à sa vie ; sens comme direction, sens comme signification, ouvert sur un champ de rapports de signes, de symboles et de mythes, sens comme sensation,  « la transversalité noétique qui affirme symboliquement le jeu de l’imaginaire sacral face au mystère de l’être-au-monde, principalement selon trois modes d’être : le mode apollinien (sérénité, sagesse), le mode dionysiaque (transe mystique) et le mode franciscain (de l’amour oblatif) ». (René Barbier... ou, si ce n'est à lui que je prends cette excellente définition, c'est à l'un ou l'autre de ses collaborateurs, ou de ses étudiants. cf. http://www.barbier-rd.nom.fr/... voici une trentaine d'année, je ne connaissais strictement rien de ses activités à Paris VIII ; autrement, je crois bien que je serais retourné à la fac et entrepris sous un nouvel angle un nouvel apprentissage de la ville. Façon française, il est assez « Alan Watts » et a enseigné sur et/ou à partir de Khrisnamurti.)

&

Peut-être n'est-ce plus absolument vrai, qu'il vaille mieux pour se faire entendre, écrire un mauvais roman de gare qu'un honnête essai, un bon ouvrage documentaire ou un livre de reportage – je l'espère, un peu. La poésie, n'en parlons pas. Je souhaite avoir « tout faux ».

Vrai ou faux, j'avais cru bien faire en décidant d'écrire quelque chose qui tienne des quatre genres. Je m'en félicite, d'un point de vue de strict procédé littéraire. (Tout roman procède dans des proportions diverses de ces genres littéraires.) Je n'avais pas prévu qu'à être foncièrement autobiographique et sincère quant aux faits et à leurs mécanisme, j'entreprenais ainsi une auto-analyse beaucoup plus profonde que je ne l'eus voulu. Je n'avais pas prévu qu'à évoquer des problèmes du passé, je réactualisais ceux qui n'avaient pas été dé-passés. Il m'a fallu les résoudre maintenant. Ma vitesse d'écriture en a été freinée, d'une façon assez incroyable parfois.

Mais, je puis escompter sur les effets bénéfiques de ce temps consacré à résoudre des nœuds psychologiques laissés de côté, et aussi ma formation d'écrivain. Loin d'être perdu, ce temps pourrait se révéler un gain en efficacité dans un proche avenir.

Ce roman prépare (et me prépare) bien (à) mes futures Variations wattsiennes, à partir de sa première étape centré sur Psychothérapie Orientale et Occidentale...

&

D'autre part, à l'ouverture de son premier ashram, Arnaud Desjardins était généralement taxé de psychologisme saupoudré d'une « métaphysique du cours du soir », indigne du plus élémentaire des yogas..

Je puis attesté que c'est grâce à Desjardins que j'ai pu sortir d'une Psychologie Occidentale pour être amené à « l'Oriental ». Et ce, dans l'exacte différence entre l'une et l'autre qu'établit Watts, ainsi que ses passerelles. Desjardins m'a permis de passer du « psy » au « spi » tel que Watts en a traité les divers aspects tout au long de son œuvre. (idem, pour la question de l’œcuménie, de l'ésotérique et de l'écologie... ou cette transversalité noétique mentionnée plus haut.

 

 

 

1Mettre dans le même panier Watts, Desjardins et moi n'a aucune raison d'être perçu comme d'une insupportable outrecuidance. Toute fausse humilité est un moyen de se défiler et de manquer à soi-même, quel que soit le niveau de ce « soi » ; et de ses prétendues qualifications et disqualifications à l'Esprit.   

19 décembre 2014

GAP 03

 

 L’Éveil de la Sagesse, dans sa propre petite personne issu de l'ego et du vécu de sa relation au monde (tant naturel que social), est un Éveil à la transparence1 du dedans et du dehors.

(Je parle ici du point de vue de mes explications par rapport à mon roman, qui est une continuité de mes variations wattsiennes par d'autres moyens… et non du langage comme outil de tromperie aussi bien que de connaissance, en opposition à l'expérience naturelle du contact moi & non-moi.)

De la spiritualité par rapport à l'esprit – supposé constituer son objet d'étude, le même malentendu semble s'être propagé que celui concernant celui du yoga par rapport au corps, – supposé circonscrire son objet d'étude. Mis à part que cette étude est surtout une pratique, le quiproquo est également le même que celui que l'on peut relever au sujet des Valeurs féminines, de l'idée d'incarnation ou de celle d'écologie ou de celle de religion, de sacralité, de liberté, de sagesse, de bonheur, et de tous ces termes si fréquemment utilisés quand il est question du "sens de la vie". L'écart entre le mot et la chose y est si grand que le mieux est encore d'affirmer que "ça n'a rien à voir". Le malentendu comme le quiproquo tiennent avant tout en ce que le dedans est pris comme représentation du dehors et que le dehors n'est donc jamais vu dans son extériorité ; de même, en vis-à-vis, le dehors est pris comme le dedans et le dedans réel jamais aperçu.

L'ego se sent personnellement agressé par un mal de pieds et non comme le constat d'un phénomène extérieur à lui-même d'un mauvais fonctionnement de la relation pieds, chaussures et difficultés de la chaussée.

Identifié à son mal de pieds, l'ego en oublie la part de lui-même déjà en contact avec l'être, « pour qui » les pieds sont externes à son « expérience intérieure » ou au contraire une donnée de sa propre réalité…. Par exemple, la beauté du site que ce même mal de pieds lui a permis de traverser. Après tout, toute chose a un coût.

&

La personnalité de notre ego résulte plus de son éducation et de son environnement social que de son vouloir.

Le corps « physiologique » ne peut se nourrir et se caractériser que de l'alimentation disponible dans son environnement géographique. La mondialisation du « manger italien » et du « manger chinois » n'apporte qu'une modification partielle.

Ce ne sont là que lieux communs.

Que le plus beau commentaire sur l'eau fraîche ne désaltère pas plus que le mot "chien" inscrit au panneau d'une grille d'entrée ne mord pas est une bien belle et bonne chose, à la réserve expresse qu'il est non moins bel et bien bon de savoir qu'il peut indiquer où se trouve la source vive et que l'on peut s'écarter de crocs menaçants. Le rappel se doit d'être double. C'est son utilité.

Certes, le mot n'est pas la chose ; mais il n'implique pas l'inexistence de celle-ci.

Sous cet angle, on pourrait (peut-être) dire que la philosophie commence par l'apprentissage de la distinction entre les mots qui ne désignent que du vent (la « langue de bois » des politiques, par exemple), les mots qui désignent quelque chose de façon correcte mais inexacte parce que insuffisante (un couteau coupe), les mots chargés d'un jugement de valeurs (les piqûres, « ça fait mal »), les mots où les jugements de valeurs l'emporte sur l'exactitude (mon pays est le plus beau du monde).

Je ne veux pas faire là de la linguistique mais simplement rappeler que les mots ne servent pas uniquement l'utilité (passez moi le sel).

Comment parvenir à une « transparence » de son existence à partir de telles bases ?

Comment « expliquer » une vie ?

Comment « raconter » le développement d'un sens dans sa vie, ma propre vie «de moi»… avant qu'elle soit « à moi » ou libérée de tout sens du « moi » ?

Mes variations2 de/sur la philosophie d'Alan Watts se veulent œuvre de démystification mais non pas du tout de démolition, œuvre de divulgation mais en rien de vulgarisation.

1Pour reprendre l'expression de Lanza del Vasto

2L'individu est le divin. Thème imprécis et orgueilleux sur lequel on pourra composer de multiples variations poétiques (MassisJugements, 1924, p. 141). cf. l'ensemble A de la présentation lexicale du CNRTL

16 février 2015

Psy Or Occ 02

En philosophie & sciences (dites) humaines et/ou (dites) Sciences Humaines, il en va un peu comme pour les Écoles de Guerre : il s'y enseigne trop souvent le connu d'un passé/dépassé et rarement un connu, utilisable en actes, qui soit actuel.

En sorte qu'en 1914, la plupart des armées européennes étaient fin prêtes pour la guerre de 1870 ; et, qu'en 1939, elles l'étaient pour 14-18, que la cavalerie polonaise chargea vaillamment les panzers allemands et qu'une quarantaine d’élèves de Saint Cyr crurent bon l'épée à la main de s'opposer à l'envahisseur.

De mauvais esprits ne manqueront pas de remarquer que le meilleur allié du débarquement de Normandie furent cette espèce de schizoïdie régressive de Hitler et sa confiance en la valeur militaire de l'imprenabilité de sa « Ligne Maginot de l'Atlantique ». (Le visiteur voudra bien me pardonner d'insister : le « mur » de l'Atlantique ne fut pas plus « pris » que celui de Maginot… c'est simplement que son utilité militaire était quasi nulle. Et, ainsi en va-t-il de nombre de sciences humaines, semble-t-il. Ce n'est pas tant qu'elles soient fausses, c'est qu'elles sont trop souvent inutiles, voire nuisibles. Dans le même ordre d'idées des rapports de toute science, éthique et utilité dans la poursuite du Bonheur un savant eut l'occasion de déclarer : « Hiroshima & Nagasaki une horreur ; mais quelle belle équation mathématique pour y parvenir ! »)

Psy Or Occ fut publié en 1961 aux États-Unis, soutenu notamment par des recherches datant de 1930. La discussion sur les ressemblances et les rapports du psychologique et du religieux n'est toujours pas close, ni dépassée. Elle s'est peut-être même compliquée de la mise à l'écart de certaines idées, telles la synergie autant animale que divine qui habite « L’Âme humaine ». Mais, il existe une psychologie et une sociologie religieuses, tout comme un « écologisme » étudiant ou militant la nature du dehors, sans en avoir grande expérience personnelle.

Les mots clés de Psy Or Occ sont assez habituels, sinon par l'usage qui en est fait de servir une réalité que je ne suis pas encore parvenu à formuler ; quelque chose comme « La Danse spontanée de l'océanique Tao » ou comme « Dans son océanique spontanéité, la danse cosmique du Tao ».

Toute la question paraît, dans un premier temps, se réduire au choix du critère de référence entre divers concepts d'apprentissage, d'adaptation et de normalité : nature ou société ? Avec en première conséquence le choix entre un « inconscient instinctuel » et un « inconscient éducationnel ». En seconde, que des sociétés se veulent obéir à « la nature » et d'autres s'y opposer ou la conquérir. (Par « société », ce peut être une institution religieuse aussi bien que politique.)

Ensuite, la conscience d'un « ego », qui pourrait être normal ou pathologie, sur lequel une action puisse « causer » la maladie ou la santé. Et, tous les ennuis commencent. Ne sachant ce qu'est un « ego », ni la nature exacte de « l'esprit psychologique », et si les hommes sont des systèmes d'action et non des agents, et si l'individu et le monde agissent l'un avec l'autre, l'un sur l'autre, de sorte qu'aucun d'eux n'est à l'origine de l'action, le problème est de savoir qui doit être considéré comme responsable lorsque les choses vont mal. (p 32)

De là, divers concepts sont passés en revue, tel celui de « double contrainte », mais il me faudra commenter qu'Alan Watts l'utilise dans plusieurs acceptions, certaines qui justifient mon slogan personnel sur la « réciproque du vrai », d'autres qui excluent toute relation. (Ce qui ne peut donc être qu'erroné, une exclusion du vrai et du faux ou une réciproque du vrai et du faux. Je le dis tout de suite : ma préférence penche vers cette dernière possibilité, laquelle réintègre mon slogan puisque le faux est vrai par rapport à lui-même – et réciproquement! Nul ne persévère dans l'erreur ou ne poursuit un raisonnement erroné sans conviction d'être dans le vrai.)

Suivent ensuite diverses notions sur la pluralité des egos, le sens du jeu entre illusions, vérités relatives et Absolu, le conflit de dukkha et la contre-mesure des upayas (auxquels, je me permettrai d'adjoindre « le mensonge des dieux »), la nécessité du temps, du langage et du silence pour devenir Immortel, toute psychothérapie comme préparation à la mort, ou encore cette constatation que « Le Tao n'a rien à voir avec la discipline. Si vous dites qu'on l'atteint par la discipline, à la fin la discipline fait perdre le Tao… Mais si vous dites qu'il n'y a pas de discipline, cela revient à vous conduire comme les hommes ordinaires (non libérés) » (p 119)

La normalité « mentale », la guérison « psychologique », peut-être même le simple désir d'adaptation sociale, ne sont qu'une intégration au Samsara et ses illusions addictives.

Au demeurant, se croire ou se vouloir « normal » est un symptôme psychiatrique.

Il se pourrait que je doive aussi me demander si le rappel de l'Inde et de la Chine ne serait pas aussi trompeur que son « oubli », et tout aussi nuisible à la Paix avec soi-même, avec les autres et les mondes « sociétals » et « naturels ».

Publicité
Publicité
25 février 2015

Psy Or Occ 03

Introduction (suite et fin)

C'est de façon aléatoire que j'ai « choisi » de terminer mes notes d'introduction par les citations qui suivent ; je les « assume » mais je ne prétends pas en être l'auteur ou l'agent libre – aussi surréaliste et fantaisiste qu'il s'affirme être.

 

A « Je ne pense pas que les disciplines orientales constituent le dernier mot d'une sacro-sainte et immémoriale sagesse au point que le monde entier doive venir se prosterner aux pieds de leurs maîtres. Je ne crois pas non plus qu'on puisse faire un évangile selon Freud ou selon Jung, où les grandes vérités psychologiques seraient à jamais établies. Le but de ce livre n'est pas de prononcer le dernier mot en la matière, mais de susciter la réflexion et l'expérience. » Introduction p ii

§ Il est admis que l'expérience peut être aussi trompeuse que la croyance : non seulement le plus beau discours sur l'eau ne désaltère pas mais il est susceptible de renforcer la soif éprouvée (ordinairement appelée « espérance ») et si prendre une corde pour un serpent relève de l'illusion et dénote un total manque « d'objectivité », la peur éprouvée est bel et bien « expérimentée », psychologiquement éprouvée, sans compter qu'elle peut conduire à des faits bien réels ceux-là, tel que faire un mouvement de frayeur, se buter contre une pierre est se casser une jambe – cassure occasionnant une réelle douleur aussi importante que l'illusoire frayeur initiale.

Et ça, ce n'est pas de la poésie pour adolescent ou de la rhétorique pour s'occuper au fumoir ; il suffit de regarder la « corde » du terrorisme pour découvrir les effets que la peur du serpent occasionne en termes de femmes et enfants massacrés.

§§ La fameuse « occidentalisation » des sagesses et disciplines orientales réside dans le fait (bien réel) de croire qu'elles puisse apporter un « dernier mot » en un quelconque domaine. Entre les « sagesses » d'Orient et les « sciences » occidentales du psychisme, le match fera toujours ex æquo quand l'usage qu'on en fait est plus nocif qu'utile. Sur ce plan, en discuter au zinc à l'heure de l'apéro ou au salon entre cigares et cocktails en devient préférable.

 

B « L'initié est celui qui sait que certaines institutions sociales se trouvent en contradiction interne ou en conflit réel avec la structure naturelle. Mais il sait aussi que ces institutions sont investies des émotions les plus puissantes. Elles sont les règles de communication par lesquelles les hommes se comprennent les uns les autres. » p 49

§ La propagande, la « liberté d'expression » aussi bien que le vulgaire « bourrage de crane » sont de l'ordre de la Communication & de l'émotion… et chacun sait combien il est plus facile de manipuler quelqu'un et/ou quelques-uns sous l'emprise de leurs émotions que de tenter de les convaincre, de façon réfléchie, de modifier leurs convictions, leurs attitudes et comportements. La dispute, même si elle dégénère en querelle de jugements de valeurs (subjectives) n'explosent, au pire, qu'en une sévère « gueule de bois » et non en « gueules cassés » lorsque les arguments sont d'acier et les illuminations d'incendies meurtriers & criminels. (Napalm, phosphore et autres prodiges technologiques, en option exclusivement!)

 

C « Si maintenant la maya ou irréalité réside non pas dans le monde physique ; mais dans les concepts et les formes de pensée qui le décrivent, il est clair que la maya se réfère aux institutions sociales ― au langage, à la logique et leurs constructions ― et à la façon dont elles modifient notre sentiment du monde. » p 45

§ La psychologie est justement apparue comme un chaînon manquant entre philosophie naturelle et philosophie sociale. Donc, leurs dysfonctionnements respectifs, le besoin de corriger ceux ci et de « soigner » les conséquences qui tournent mal (en ce qu'elles sont douloureuses ou gênantes, pour se sentir à l'aise ou pour agir).

 

D « Transcendant à la pensée, l'Absolu est toutefois immanent dans l'expérience. » Cf. Wittgenstein : « Le mysticisme ne considère pas ce qu'est le monde, mais le fait qu'il soit… Il y a en effet l'inexprimable. Cela se montre de soi-même ; c'est le mystique. » note de la p 45

§ Détail sans importance pour le moment : cette transcendance/immanence expérientiellement constatée/mysticisme/mystique correspondront à ce que j'appelle « le spirituel », lequel mène au seuil de « mon1 » Apophatique générale.

§§ Au cours de l'ouvrage, Alan Watts va se servir du terme « champ », ce qui est déjà sortir des recommandations cartésiennes de diviser et de commencer par le plus simple.

(...diviser chacune des difficultés… commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître… )

§§§ On peut noter, provisoirement, qu'aux yeux du mystique, du poète ou du promeneur la beauté d'un paysage est un tout et non pas le total d'un petit cours d'eau+des arbres+de bons contrastes entre la luminosité et les zones d'ombre, etc. C'est quelque chose de global. Cette constatation esthétique se retrouve aussi dans la logique chinoise d'inclusion prioritaire à la division. Ainsi que dans la religion, sous la forme d'une hiérarchie. Dans ma vie personnelle, je veux bien croire qu'il me faut accéder au royaume des dieux, mais en pratique, mon Mont Meru à moi c'est la grande côte que je dois franchir pour sortir du village, et mon Vayu à moi c'est quand le vent souffle de norois ! Ces jours là, je me sens devenu comme un grand ascète.

A suivre, plus sérieusement, une prochaine fois…

J'allais l'oublier : pour Alan Watts la Connaissance acceptée des contraintes naturelles ou sociales ou de l'antinomie vindicative & sournoise2 nature et société est un pas, éventuellement un saut, dans le Bonheur et sa Liberté. Une danse érotique avec les éléments très divers du Cosmos.

1Les guillemets s'imposent en ce que je n'invente strictement rien. Seul (peut-être), l'usage que j'en fais en un XXI°siècle bien entamé est (peut-être) « mien ». Mien, au moins, en ce que je le pense.

2Je suis surpris du nombre de catastrophes dites « naturelles », qui, en fait, proviennent ou sont considérablement amplifiées en raison de dysfonctionnement sociétaux. (Précision : une TROP grande puissance de la pègre est à mes yeux un dysfonctionnement sociétal.)

11 juin 2015

Faire sans faire sa voie 2/3

 

Ce billet pourrait s'intituler « Où il sera encore fait mention de roman, mais la question ne sera pas là. »

J'attribuais à Gustave Lanson, au sujet des styles littéraires, cette citation : « Les doctrines ne valent jamais mieux que ce que valent ceux qui les appliquent. » Mais, en dépit d'efforts réitérés, je ne parviens pas à retrouver la référence exacte.

Il en va de même de l'auteur de cette citation, à laquelle je crois pourtant dur comme fer depuis des décennies : « Le Maître crée, le Disciple conserve, les autres – les suiveurs – trahissent. »

Je puis dire qu'Arnaud Desjardins est mon Maître spirituel, tout comme Alan Watts est mon Maître de Philosophie ; mais, franchement, je n'ai pas le sentiment de conserver grand-chose, ni non plus de trahir, puisque je ne suis pas Disciple de l'un ni de l'autre. Ou alors, un disciple surréaliste à la manière de Salvator Dali s'affirmant « non croyant, mais pratiquant ». Je dois à l'honnêteté intellectuelle de fournir les références exactes de mes assertions, mais l'esprit prime la lettre dans mon étude. Et, depuis pas mal de temps, (dans mon esprit) la connotation d'étude est celle de xué (étude, en chinois), qui se réfère à un apprentissage en pratique (laquelle ne dénote pas seulement un savoir faire, mais aussi un état d'être), à la manière de Tetsugen disant « La cuisine est mon étude ». Je l'ai écrit quelque part : pour devenir un cycliste, il faut apprendre à monter à bicyclette, mais on ne peut apprendre à monter à bicyclette sans bicyclette. Par rapport aux lignes ci-dessus, appelons « esprit » le fait de se trouver un cycle et d'y monter… et « lettre » le fait d'étudier la théorie du cyclisme ou la technologie du deux roues sans jamais aller y pédaler. Juste en passant : c'est ici qu'on voit que « l'esprit » peut être très matériel, et la croyance très savante, intellectuelle, mais sans jamais le moindre effet pratique.

Dans le même ordre d'idées, quand j'ai entendu dire de la bouche d'un très officiel professeur de philosophie d'une Université qui en compte d'excellents, qu'Aristote n'a jamais divisé la philosophie en métaphysique, logique, éthique et psychologie, que son « logos » peut s'entendre à l'intérieur de l'une ou l'autre de ces catégories, ça m'a fait « tilt », satori ou autre, en tout cas un sacré choc. Mettons (là, j'invente) le logos qui anime l'univers, le logos qui permet de raisonner, le logos qui dicte la conduite, le logos qui donne les explications (et les moyens...éventuellement thérapeutiques) d'un comportement. Un logos d'une signification qui serait proche du Tao, s'il n'avait été associé au verbe créateur qui s'incarne dans un homme qui est aussi (d'une manière ou d'une autre) l'une des trois personnes divines (les deux autres étant Dieu le Père et Dieu le Saint Esprit). J'en ai retiré cette idée qu'on dira simpliste : toute assertion qui ne peut avoir le même sens inhérent tant au niveau métaphysique, logique, éthique et psychologique doit être d'abord réputée fausse, mal formulée, inopérante ou aliénante. Elle peut entrer dans cet autre territoire qu'est celui du système de valeur. Ou celui des monothéismes en tout genre (dont le laïcisme mono-athéiste et l'économisme mono-je m'en mets plein les poches). En politique, on voit ce que ce que ça donne… Mais chut ! Pas de polémique !

&

Le grand avantage de l'idée d'une unité de la philosophie est de grandement faciliter la transversalité des diverses sous-catégories (physique, épistémologique, herméneutique, heuristique, etc. jusqu'à l'art de distinguer un vin de Bordeaux d'un Sauvignon de Californie ou d'un Pineau des coteaux de la Chine méridionale. Sans oublier l'art du Sexe, ni le romantisme de certaines émotions de tonalité poétique… poésie que les chinois qualifie de Grande Parole par rapport à la petite parole discursive, explicative et raisonnante. L'intuition de la Grande Parole unifie le fractionnement de la parole ratiocinante et sectaire, les identifications de croyance qu'elles soient du Catholicisme romain ou du Bouddhisme Bonnet Jaune ou des Cotations de Places Boursières. Là encore, chut ! Pas de polémique !)

&

Hypothèse : le Maître philosophique et la Maître spirituel sont des créateurs en ce qu'ils initient à l'intuition de la Grande Parole ; le Disciple conserve l'exotérisme de la petite parole sans en faire partager la saveur existentielle ET poétique ; les autres trahissent en ce qu'ils tentent de saisir les arcanes de la petite parole comme étant des réalités. Ce sont des croyants mais non pratiquants. Ceci étant une simple hypothèse… Laquelle, sauf erreur de ma part, n'a toujours pas été validée par le Centre ésotérico-pataphysique de Gare de Perpignan.

10 juillet 2015

Devoir de vacances 01

Ce sont deux axes, parallèles ou superposés, de l’œuvre d'Alan Watts : la Comparaison et la Tradition. Son dynamisme est la modification de la conscience, appelée « transformation » ou « libération », qui n'est pas exactement un changement de soi, mais plutôt de la perception de soi permettant un élargissement de soi au Soi, ou, autrement dit, d'une conscience égotique à une conscience cosmique. Il est généralement admis que cette modification s'effectue progressivement mais que l'on peut y accéder dans sa plénitude en un instant, en divers instants, d'intensité et de durée variables. Tel est la cadre général du tableau de la Voie, la carte de son territoire ou, pour utiliser l'expression chinoise, du cheminement « en peinture ». Toute « l'affaire » consiste à quitter la « peinture » pour la réalité peinte, la carte pour l'exploration effective du territoire, les concepts et valeurs pour ce qu'ils indiquent… jusqu'à la disparition totale de l'observateur et de l'observé, de ce que l'on voit et de ce qui est vu, etc. Comme le point de jonction de deux parallèles à l'horizon, cette unité absolue paraît s'éloigner au fur et à mesure qu'on s'en approche. (D'où l'expression « non-deux », l'Un étant lui-même une illusion, tout autant que le Deux. La manifestation commence avec le deux, l'Un et le Néant sont bonnet blanc et blanc bonnet...)

Aussi bel et bon que ce soit... la bonne question, le bon sujet du moment est celui de cet Été.

Pour ma part, ça va. Et vous, ça va ?

Je vous souhaite d'aller aussi bien que moi, hum ! mieux si possible.

PS Pour préparer la suite, sans donner de programme… puisque je me trompe chaque fois que je tente de le faire ! … je rappelle néanmoins qu'Alan Watts

par Comparaison, entendait une sorte d'extension, à tous les aspects d'une culture, de ce qu'Étiemble appelait « invariants » en littérature, c'est-à-dire « ce qui fait que l'homme est homme ».

Il est à remarquer qu'Étiemble entendait Comparaison au sens américain du terme, donc identique à celui utilisé par Alan Watts, c'est-à-dire sans européocentrisme, ni colonialisme, ni « condescendance ethnologique », ni justification « impérialiste » ou économique.

Pour qui ne connaîtrait rien de lui, aller par exemple à

URL : www.cairn.info/revue-de-litterature-comparee-2002-1-page-97.htm.

(Encore à l'intention de qui n'en saurait rien, et inciter d'en savoir un peu plus, il est permis de d'apprécier Étiemble à la manière dont beaucoup s'inspirent de l'existentialisme sartrien nonobstant ses errements et quelques aberrations politiques ; on peut dire aussi qu'il fut une sorte de Michel Onfray de la génération précédente. Ils ont en commun, d'ailleurs, de voir rouge à toute apparition de cléricalisme & bondieuserie. A mon humble niveau, je ne puis me permettre de les critiquer de ce chef… alors que la queue de détente de mon revolver démange mon doigt face à tout signe de « laïcisme », considéré comme un « cléricalisme athée ».

par Tradition, pour faire court, que ces « invariants » sont intrinsèquement « religieux » mais indépendants des cultures, dogmes ou religions spécifiques.

est mort en 1973, donc avant que ne disparaisse définitivement (via divers troubles sociaux et raciaux) ce qui fut quelques années le « rêve d'un paradis californien » ; rêve partagé par un grand nombre d'américains eux-mêmes et pas seulement par les beatniks et hippies du monde entier). 

31 juillet 2015

Devoir de Vacances 03

L'être humain s'attache à l'histoire telle une mauvaise habitude (et/ou masturbation) par crainte de son propre devenir final. L’obsession des « Monuments Historiques » en résulte comme une horreur de perte d'identité -un néant. Laquelle ne saurait exister sans être statufiée. On préfère ainsi les Bouddhas de pierre à sa propre libération, la croyance et la dévotion à la propre prise en charge de soi par soi et l'immobilité à la Vie en perpétuelle changement. L'idée de conservation du patrimoine, tant matériel qu'intellectuel ou culturel en général, n'est pas en elle-même nuisible. Elle le devient par sa sacralisation indue et par l'importance prioritaire qu'elle prend. J'aimerais savoir combien d'authentiques bouddhistes se sont scandalisés lors de la destruction des bouddhas de Bâmiyân, Afghanistan. La conservation des pyramides d’Égypte, le déplacement des Temples d'Abou Simbel sont choses excellentes. Le sort des nubiens le serait-il moins ? 

7 août 2015

Devoir de Vacances 05

J'aime beaucoup Arthur Kœstler, dont diverses études, analyses et assertions se rapprochent de près de celles d'Alan Watts. A la différence de ce dernier, Kœstler n'hésitait pas à aller mettre les mains de le cambouis, les scories et souvent détritus de nos sociétés modernes. La convergence des vues n'en a que plus de prix. Ils seront d'ailleurs jetés l'un et l'autre dans le même panier par les tenants du « square zen ». Il est vrai qu'affirmer que le « concept d'éveil est merveilleusement somnifère » est un brin provocateur… (Puis-je m'éviter de souligner qu'effectivement il importe de savoir si on cherche l'exactitude conceptuelle ou la réalité existentielle & expérientielle de la chose?) Satori, which is a burst of insight that leads to awakening and maga, the state in which the activy self ans the self-observing self become one and « mysterious 'it' has take charge, nous dit-il. Le sommet d'une prise de conscience qui conduit à l'éveil et l'absence de 'je'1, l'état dans lequel l'agent de l'action et la conscience de soi deviennent Un et qu'un mystérieux 'cela' prend place. (En fait, ces définitions approximatives renvoient aux caractères 無 我 無心 lesquels -assemblés ainsi- se traduisent aussi bien par « Sans je plus d'esprit » que par « Sans je ni esprit » mais aussi (aurais-je pu m'éviter cette facétie :) « Sans ego, plus d'ergo sum », sinon « sans ergo sum, plus d'ego »… pardi !). Ce qui ailleurs fait ajouter à Kœstler que Éros et Thanatos s'équivalent en ce qu'ils sont tous deux un profond désir de retour à l'organique plutôt qu'un superficiel principe de plaisir ou d'autodestruction de « soi ».

Concrètement, cela veut dire que lorsque vous baissez « instinctivement » la tête pour éviter un jet de pierre bien ajusté, vous êtes dans la plénitude de l'état dit « sans ego », de satori, etc. Rien de moins, mais -malheureusement pour notre fierté humaine- peut-être aussi rien de plus !

PS Naguère, un jeune moine o.s.b (=bénédictin) me déclara qu'il admirait le respect que les bouddhistes peuvent avoir pour le moindre brin d'herbe, mais qu'il était rebuté de les voir ne pas mieux respecter l’âme humaine que celle d'un brin d'herbe ! (On remarquera, une fois de plus, la terreur chrétienne face au « danger » du panthéisme.)

 

 

1Je rends maga par 'absence de je', tout simplement parce que s'identifier à son 'je' revient à s'identifier à son identité sociale, laquelle provient donc de la société - et de l'éducation qu'elle donne, tant au plan émotionnel que professionnel ou « culturel »!

24 août 2015

Devoir de Vacances 06

(petits et grands satoris)

chinois :wù – satori et jiànxìng voir la nature 

nota : le premier caractère de et dexìng est (le « cœur-esprit ») lorsqu'il s'accole à un autre caractère ; par « insinuation » plus que réelle analyse ou explication sémantique, on peut donc suggérer que le wù – (jap.)satori signifie un moment, ou une durée, au cours desquels le cœur-esprit s'unit au langage, en somme que « le mot et la chose » ne sont plus qu'Un ; que jiànxìng (kensho en japonais) est l'esprit humain qui devient, momentanément, durablement ou pour toujours une Conscience Cosmique. (Dans cet optique, la question de savoir s'il s'agit d'une extase ou d'une enstase en devient superfétatoire.)

 

Ma réflexion passe du coq à l’âne ; mais, elle reste dans la même cour de ferme, qui cultive et élève et/ou approfondit jusqu'à la Libération. Cultiver, en parlant de Libération, peut surprendre ; du moins, renvoyé à consumarisme et Contre-Culture

Que cette idée me vienne de Kœstler, de Watts, de Desjardins ou autres – qui sont nombreux, le schéma de la Voie, en tant que cheminement, me paraît TOUJOURS s'effectuer en quatre étapes + une, lesquelles sont susceptibles d'être interprétées au plan psychologique, auquel cas, selon moi, on érige une barrière à la transcendance. Pour moi, j'insiste sur cette subjectivité , tout auteur & explication qui se montrent « décapants » à cet égard est bon à prendre. Quatre étapes au sens où « marcher » signifie 1- lancer un pied vers l'avant en pliant le genou 2- le reposer par terre 3- faire immédiatement de même avec l'autre pied pour éviter de rouler par terre 4- continuer (ou s'arrêter). Mais, comme chacun sait ces 4 étapes s'appellent « marcher », et donc 1, 2, 3 et 4 s'appellent aussi « marcher ». Quand on sait marcher, on sait marcher, soudainement et pour toujours ! Mais, une qu'on sait marcher, il est encore une longue marche à effectuer...

Ceci dit, le grand Huineng lui-même, qui « pigea le truc » du premier coup alors qu'il était jeune, inexpérimenté et inculte, mit une quinzaine d'années retiré en forêt avant de se décider à transmettre sa « marche », sachant intuitivement le célèbre quatrain du Chan/Zen, que voici :

Le fondement de la Méthode, c'est son inexistence ;

Cette méthode sans méthode est encore une méthode.

Voilà qu'on me confie l'absence de méthode :

De toutes les méthodes, laquelle est la Méthode1 ?).

Il ressort des alinéas précédents que nous abordons la question du graduel et du subit, au prétexte de la violence de toute épiphanie (ou hiérophanie, dirait Mircéa Eliade). Mais cette violence, où ? En 1, en 2, en 3, en 4 ?

Pour mémoire, le graduel est attaché au moine Shenxiu et relève de la psychologie, cependant que le subit (ou déclaré tel) est attaché à Huineng. Il est piquant de rappeler que le grand propagandiste du subitisme est un certain Shenhui, qui crut bon d'y adjoindre des considérations politico-militaires, donc du « social », donc du « psychologique ». J'ai toujours suspecté Shenhui d'être un mélange chinois de Fénelon et de Richelieu. Je ne m'aventurerais pas néanmoins sur ce terrain, car sur Richelieu ma culture se limite à ce qu'en disent Les trois mousquetaires. (Pour aller plus loin, voir Quiétisme, dans Wikipédia, et en rapport avec les lignes précédentes de ce billet, le paragraphe sur Guénon :

« Mais il y a quelque chose de plus curieux ; c'est que la mentalité « laïque » des modernes retourne volontiers cette même accusation de quiétisme contre la religion elle-même, en l'étendant indûment, non seulement à tous les mystiques, y compris les plus orthodoxes d'entre eux, mais encore aux religieux appartenant aux Ordres contemplatifs, qui d'ailleurs sont tous indistinctement « mystiques » à ses yeux, bien qu'ils ne le soient pourtant pas nécessairement en réalité ; il en est même qui poussent la confusion encore plus loin, allant jusqu'à identifier purement et simplement mysticisme et religion. »)

PS- Psycho paraîtaux USA alors que naissent les premiers enfants-fleurs, et le quiétisme des hippies, que dévoieront rapidement les mauvais coups conjugués de la pègre et du F.B.I. Le XX° siècle a pris la mauvaise habitude d'attaquer d'abord, de déclarer la guerre ensuite. En matière sociétale, la bonne habitude serait justement de faire la paix avec soi-même, son voisin, toute étrangeté/différence nationale, culturelle, folklorique ou ethnique admise et respectée . La chose faite, une bonne déclaration de paix mondiale, en bonne et due forme, pourrait ensuite être signée. Et, mais il va sans dire ;-) qu'il conviendrait :- < de rétablir l'échafaud pour les récalcitrants :-( … !!!

PPS- Pour jargonner qu'un arbre se reconnaît à ses fruits, disons que toute métacognition contemplative ne vaut qu'en ce qu'elle perdure au-delà de son insight hiérophanique initial et/ou « initiant » !!!

PPPS- J'allais l'oublier : le « +une » ; c'est qu'il y ait quelqu'un n'importe qui2 pour le constater (que la transformation personnelle est inscrite dans la durée).

1Le Soûtra de l'Estrade du Sixième Patriarche Houei-neng, de Fa-hai, traduction Patrick Carré, Point Sa99, 1995

2Que ce soit "n'importe qui" de préférence à une "personne autorisée" vaut mieux ; cela évite toute ingérence idéologique ou d'intérèt partisan.   

7 septembre 2015

Devoir de Vacances 08

L’Éveil et la parfaite Santé mentale (et/ou physique, en ce que la personne la plus équilibrée ne peut qu'être momentanément ou durablement affectée par la maladie ou un accident1) ne peuvent qu'avoir une définition quasiment similaire en Orient et en Occident.

Pour mes visiteurs pressés, qui auraient l'ouvrage sous la main, je puis recommander de se reporter au premier alinéa de la page 169 – tout y est dit. Sans toutefois qu'il soit précisé qui, du prêtre ou du thérapeute, ou les deux, peuvent être d'une utilité quelconque dans la quête de la liberté et du bonheur, et leur commun accomplissement dans la mort. Ni non plus – quand ils le sont, de quelle manière ils sont utiles. Étant par ailleurs supposé entendu qu'ils sont assez généralement sources d'oppression et de malheur ; qu'entre Le Grand Inquisiteur, inclus dans Les frères Karamazoff de Dostoievsky et Vol au dessus d'un nid de coucous, de Ken Kesey, la différence tient surtout à la stature littéraire des auteurs, et assez peu à la différence d'un message de dénonciation de l'oppression hypocrite et plus ou moins sadique des suiveurs de doctrines et/ou de la lettre plutôt que son esprit, comme source de malheurs multiformes.

Le sujet abordé par Psycho… me laisse suffisamment de pain sur la planche pour satisfaire mon intention de le garder l'automne venu.

A la rentrée, il me faudra faire la synthèse entre deux séries de faits qu'Alan Watts n'eut jamais à faire, d'abord en sa qualité de sujet de Sa Majesté la Reine et fidèle de l’Église d'Angleterre dont Elle est La Chef Suprême ; ensuite, comme citoyen d'un pays dont le Chef d'État doit rendre compte devant la Constitution et ses électeurs, mais aussi en regard de son allégeance à « Dieu ». De plus en plus d'américains se méfient de la « religion » institutionnel, mais continuent de juger impensable qu'un Président puisse être athée. Or, je suis citoyen français et j'ai toujours rendu à César ce que je lui devais. Je ne puis me contenter, comme le fit Alan Watts, d'ironiser sur la contradiction qu'il y a de se prétendre à la fois & simultanément démocrate en politique et monarchiste en religion. Sans compter la fâcheuse tendance de l'Instruction Publique (française) de faire commencer l'Histoire avec la Révolution Française, le début des Lumières et la « preuve » de l'obscurantisme avec l'Affaire Galilée. Dans un tel contexte, où placer cet ésotérisme de la Tradition pérenne, auquel nécessairement doit correspondre un exotérisme admissible ? Comment une société ou un groupe d'une société peuvent-il s'affirmer religieux après avoir divorcé de la Nature ? Surtout, comment poser ce type de problèmes (s'ils font problèmes) quand toute réalité, qu'elle soit « sociétale » ou « écologique » est devenu, en France, sujet à polémique politique ? En France, il paraît impossible de dire le moindre mot en sociologie ou en écologie, parfois en médecine, si l'on ne précise pas d'abord sa position « de gauche » ou « de droite » ! J'ai un certain tri à opérer…

&

Pour le moment, je vais poursuivre mes billets d’Été au gré des textes que je rencontre et selon la fantaisie de mes humeurs2. Juste pour interdire (m'interdire) un éloignement du vif de l’œuvre d'Alan Watts. Il dit en substance que la psychothérapie est une intégration sociale réussie, l'ascèse une intégration naturelle réussie – ascèse à attendre au sens d'effort produit3 pour se couler dans le mouvement de la vie et non pas de contraintes subies ou acceptées de bon cœur. Il tient compte cependant de ce que l'être humain est un « animal social – domestiqué », que la première libération ou la porte d'entrée dans la liberté est la prise de conscience du caractère conventionnel de cette distinction. Comme « animal », l'être humain est essentiellement naturel ; comme « social » il est producteur d'un langage le séparant du naturel. A un niveau plus basique, tout animal vit lui aussi en « société » et se conforme à un « langage ». Ce serait donc les spécificités du langage humain qui spécifierait l'Homme ; lesquelles seraient bien moins nombreuses qu'on ne le crut jusqu'aux découvertes de l’éthologie moderne. D'un autre côté, un aspect de l’éthologie m'a toujours amusé, qui justifierait scientifiquement la possibilité pour les saints hommes de vivre au milieu des fauves : l'étude des règles éthologiques de déclenchement de l'attaque. Celles-ci pouvant se résumer en deux mots : incompréhension/peur et agressivité.)

 

 

 

1Ce que Descartes reconnaît dans ses Méditations métaphysiques. Soit dit en passant, Descartes est le seul philosophe français dont je possède les œuvres complètes. Je ne manque jamais de le consulter lorsque je dois dire quelque chose au sujet du Yoga !

2Et, j'avoue mon plaisir malicieux, pour l'autodidacte que je suis avant tout, d'utiliser des termes tels que leçon, devoir, formation, rentrée, etc.

3Wei wu wei, action sans action, si vous y tenez, mais le « non-effort », le « sans-action », etc. sont sinon producteur, du moins gros utilisateur d'énergie vitale. Dans ces formules orientales, il est important de garder présent à l'esprit qu'il est tout aussi logique de dire que « le yang nait de la mort du yin » et son contraire puisque les deux processus sont simultanés et s'accompagnent et se soutiennent mutuellement. Les envisager en alternance n'a de valeur que descriptive. Ils sont intrinsèquement un seul Tao ! On utilise l'alternance du jour et de la nuit comme image du Tao, mais la nuit n'est nuit qu'en souvenir du jour précédent et du jour que nous croyons devoir revenir. Dogen en dirait probablement que nous « ne sommes pas présent au temps de notre présence »...

12 septembre 2015

Devoir de Vacances 09

(Théodore Roszak)

Théodore Roszak (1933-2011), romancier et sociologue, a été professeur émérite d'Histoire à la célèbre Université de Berkeley, San Francisco, où il a vécu la majeure partie de sa vie. Il a passé plusieurs années à Londres comme Rédacteur en chef des Nouvelles de la Paix (Peace News), qui pourrait – quant à son esprit – se traduire aussi bien pas « Informations sur la Paix » ou « Les actualités de la Paix ». (J'ai toujours été étonné de constater qu'à lire les journaux, on pourrait croire que notre planète vit dans un immense bain de sang, dont ne sortent indemnes que les magouilleurs économico-bancaires. Pour ma part, j'aimerais lire des nouvelles du style le Colonel X et le Colonel Y sont parvenus à un cessez-le-feu local provisoire permettant à leurs régiments de se repositionner en évitant de se massacrer mutuellement.)

Mais, à Seigneur tout honneur, je voudrais rapporter ici ce qu'il dit d'Alan Watts, dans l'ouvrage qui l'a rendu célèbre Vers une Contre-Culture, Stock, 1970 (The making of a counter culture, 1968,1969), p157-158) : « Outre Gary Snyder, il y avait Alan Watts, qui avait commencé depuis peu à enseigner à l'école des Études asiatiques de San Francisco, après avoir quitté son poste de conseiller anglican à la Northwestern University. Lorsqu'il avait gagné San Francisco, Alan Watts qui n'avait que trente-cinq ans en 1950 avait déjà publié au moins sept ouvrages sur le zen et le mysticisme religieux. (…) Des deux (avec D.T. Suzuki), je crois que c'est Watts qui a eu la plus grande influence car, souvent au risque d'une vulgarisation excessive, c'est lui qui a fait le plus pour traduire les vues du zen et du taoïsme dans le langage de la science et de la psychologie occidentales. (...1) les travaux de Watts comprennent des réussites aussi incontestables que son livre psychothérapie orientale et occidentale2. ...(le zen) une illumination personnelle qui se produit à l'improviste, sans préparation proprement intellectuelle. La meilleure manière d'enseigner le zen semble donc être de parler de tout autre chose... »

&

Par ce parler d'autre chose pour « dire » vraiment que « la voie » (et tutti quanti) consiste à n'être ni pour ni contre rien, mais ce n'est évidemment jamais mis en pratique, la chose étant considérée comme aussi illogique que de prétendre être d'extrême-droite, d'extrême-gauche, parfois de droite, parfois de gauche, mais le plus souvent au centre, et jamais – au grand jamais ! –. sans-opinion. (C'est seulement depuis une quarantaine d'années que j'ai compris que Gautama le Bouddha, lorsqu'il recommande de « cesser de chérir les opinions », inclut dans « opinions », les « valeurs », tout jugement de valeur, donc tout système de valeurs. Il est assez bizarre et incongru, me semble-t-il, que des milliers de gens aient pu mourir ces dernières années pour « la défense des valeurs bouddhistes ». Comment s'étonner ensuite qu'un Arthur Kœstler, par exemple – simple exemple, puisse déclarer que « leurs valeurs » d'Orient ne valent pas mieux que « nos valeurs » d'Occident ?)

&

Pour en rester à Roszak, personnellement, je trouve intéressant qu'il traite les sujets d'actualité en sociologue et d'éléments intemporels en historien – sans jamais pour autant se réfugier derrière les frontières de l’École Traditionnelle ou «guénonienne», à la française. Comment concevoir un espace à parcourir sans temporalité ? A priori, c'est idiot ! (Sans compter que le langage s'en trouverait banni, quasiment !3)

 

à suivre...

1Ici est rapporté l'opposition et/ou résistance des « square zen ».

2Indiqué simplement Psycho… dans ces présents billets.

3D'un autre côté, le zen est dit « sans pensée », être une conscience sans pensée… Mais, bien sûr, si vous êtes étudiant en Sciences Humaines, utilisez des expressions et termes tels que doxa ou Noble Silence !

28 septembre 2015

Devoir de Vacances 10 (et dernier)

(Théodore Roszak 2)

A partir de Roszak, je suis parvenu de fil en aiguille à relire Un bonheur insoutenable, d'Ira Irving. Ce roman, d'un avis qui semble général, ne vaut pas au plan littéraire Orwell (1984 et son Big Brother), ni Aldous Huxley (Le Meilleur des Mondes), mais en constitue comme l'aboutissement logique au niveau d'une Science-Fiction « sociétale ». Voici une quarantaine d'années, je lisais beaucoup de S-F, deux ou trois par semaine. Je rêvais d'une humanité qui unirait un cerveau de moine et yogi tibétains à un appui technologique selon les lois de la robotiques (Isaac Asimov).

Théodore Roszak m'y a renvoyé, mais une anecdote m'est revenu en mémoire, (In my own way, p 156), au sujet l'évitement de toute doctrine dans les propos que tient Krisnamurti, Aldous Huxley disant de celui-ci que « Personne ne lui rappelle autant le Bouddha que Krishnamurti » à quoi Jano (la troisième et dernière épouse d'Alan Watts) lui rétorqua

« Pourquoi, vous l'avez connu ?

Non, mais que dire1 d'autre ? »

De cet échange, Alan Watts commente qu'il est moins puriste, et considère que les doctrines (le dire), etc. sont des outils à utiliser (une Connaissance à pratiquer) mais que qu'ils n'obligent pas à en devenir des fidèles (adopter un système de croyance presque exclusivement verbal).

Le titre original du roman d'Irving est This perfect Day, qui signifie implicitement que le But de l'Histoire humaine est atteint et qu'il n'y a donc plus rien à espérer de l'à venir, ni à modifier, mais seulement à se féliciter du jour présent et à se congratuler mutuellement de l'immense chance que nous avons de le vivre. Cette satisfaction du présent peut faire penser à quelque chose de l'ordre d'un accent ou d'une teinture bouddhiste2. Cette ressemblance est trompeuse : la voie spirituelle ne vise pas à changer le monde, ni même soi-même en tant qu'agent social et politique dans le monde, mais la manière d'être au monde tel qu'il est et va, ET dont « je » fais intrinsèquement partie. Il faut bien voir que cette partie de soi qui veut changer mais qui est précisément celle qu'il faudrait changer, que brocarde parfois Alan Watts, est cette part de nous-même qui ne s'acceptant pas dans ses échecs et ses insuffisances, qui aimerait, grâce à la spiritualité devenir un type tellement nec plus ultra qu'il lui suffirait de s'asseoir en lotus à n'importe quel coin de rue pour que les passants s'assemblent alentour et se prosternent. Toute volonté de perfection (psychologique) est nuisible. Mais, largement véhiculée par la publicité, etc. et……. les utopies sociales3.

On notera au passage que toutes les utopies et dystopies sont post-médiévales et exclusivement occidentales4.

&

Disons que ce bonheur est insoutenable, car tout bonheur humain est inséparable de la liberté et de la créativité.

Et aussi, que le plus insupportable de cette Ordi (nateur central et unifié) Dictateur est sa prétention de qualifier, caractériser, modifier éventuellement, la nature personnelle (psychologique) de chacun des membres de la société en fonction des besoins de fonctionnement. Jadis, on commentait l'adage « la fin justifie les moyens ». Dans le roman d'Irvin, comme la technocratie dénoncée par Roszak et Watts, les moyens se justifient par leur efficacité, sans qu'il y ait lieu de s'interroger sur leurs besoins, leur utilité pour le développement humain, etc. bref sans questionnement du sens et des fins de cette utilité.

 

 

 

 

 

 

 

1C'est moi qui souligne ; effectivement la Voie n'est pas dans le langage, ni dans la direction qu'il peut indiquer.

2Le fait est qu'il existe un « bouddhisme social et politique » qui, lui, en écho, possède des tonalités utopiques. C'est oublier que toute volonté de transformation sociale implique l'absolue nécessité d'admettre la possibilité de l'usage de la violence.

3La Paix monastique peut fournir un certain modèle de structures sociales et économiques, dont la société civile ferait bien selon moi de s'inspirer, mais fondamentalement elle une évocation/invocation/cérémonie de Retour à l'état adamique et/ou une préfiguration du paradis céleste dans le cœur de chacun.

4Les historiens peuvent signaler divers mouvements quasi messianiques en Orient, donc peu ou prou « utopiques », tout au long des 5000 dernières années. Sauf erreur, tous se sont terminés dans un bain de sang ! Au fond, à des degrés divers, tout prosélytisme est virtuellement porteur de violence.   

23 octobre 2015

Petit billet d'humeur

Je voudrais faire une confidence : je n'appartiens, ni n'ai jamais appartenu aux Services Secrets. Pas plus qu'à un quelconque organisme de renseignement. Mais, j'ai eu cette chance inouïe (en classe de 4° ou 3°, plus probablement 4 que 3) qu'un professeur nous enseigne (en une dizaine de minutes!) que le meilleur moyen d'acquérir une culture politique est d'apprendre à lire les journaux, d'aller trouver les informations fiables et/ou significatives au milieu du fatras des actualités et des controverses d'articles dits d'analyse, de réflexion ou d'opinion (pas toujours affichée telle). Un peu plus tard, il se peut dans le même temps, via les romans de gare (en un temps où prendre le train laissait le loisir d'en lire), également par la lecture de revues d'histoire, j'ai pu suivre une formation complémentaire en traitement de l'information. Et son domaine connexe : l'art de l'intox. Ce dernier peut servir aussi dans la voie spirituelle: la seule différence est la victime, qui n'est plus l'autre, mais soi-même1. Toutes choses constituant un pilier majeur du Renseignement…

J'ai bien envie de déclarer que le grand public français cultivé un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout n'a aucune culture politique et qu'il est remarquablement mal renseigné. On me fera remarquer que cela n'a rien d'une caractéristique nationale, sinon la gué-guerre droite-gauche – et réciproquement, surtout quand on voudrait se faufiler par le milieu! (Lire : sans dépendance politique partisane).

La dispute est un plaisir intrinsèque de la philosophie. Elle est un lieu de relation d'exubérance & sympathie confondues, de même émotion d'allégresse du désir partagé d'explorer la différence des idées et points de vue. L'un des avantages de la dispute est d'en apprendre la tromperie de l'identification aux mots, les insuffisances et carences du discours comme celles des non-dits ou de la « langue de bois ».

Je viens seulement de prendre connaissance de diverses disputes ayant eu lieu ces derniers mois. Purement verbales et quasi exclusivement franco-française, voire «Paris-province», d'aucune utilité pratique immédiate. La notion de Village global, du milieu du xx° siècle2, semble bien n'y tenir aucune place. Si aucune empathie n'est permise entre gens de gauche et gens de droite d'un même pays…. Alors, entre pays, cultures, religions, civilisations, vous pensez !.… autant se taire !

Découvrir et disputer des concepts et idées, notions ou valeurs et pratiques extra-européennes serait pourtant bien utile aux «rapprochement entre les peuples 3».

L'«esprit» de Paix mondial commence par une compréhension empathique et sympathique (pourquoi pas ?) des autres civilisations.

&

D'autre part, en juxtaposition/opposition/contrefort & marge de mes propos directement inspirés de l’œuvre ou de la vie d'Alan Watts, consulter

http://www.irenees.net/bdf_fiche-documentation-505_fr.html

 

 

1Mettons comme Adolf Hitler qui s'auto-intoxiqua sur un débarquement allié dans le Pas de Calais, alors que celui de Normandie s'achevait.

2 Ou Village planétaire, expression de Marshall McLuhan, dans The Medium is the Message, pour désigner la mondialisation des esprits.

3Expression signifiant trop souvent : rejoignez mon camp, ou tel ou tel camp occidental ! Un néocolonialisme mental.

18 novembre 2015

Fluctuac nec mergitur

(Pause)

Faute d'avoir l'envergure nécessaire pour traiter les actuels événements ''en philosophe'' ou « avec philosophie » (mon argumentation risquerait bien trop de paraître impertinente, si ce n'est indécente et/ou offensante pour les victimes ; celles de France, celles de l'avion civil russe, celles des populations ''locales'' prises en otages), j'ai décidé d'en arriver directement à ma conclusion visée : la manière par laquelle Alan Watts exprime la supercherie de l'upaya bouddhique.

Il nous raconte que la population d'un petit village de pêcheurs, d'une topographie semblable à celui de Fukushima, est occupée sur la plage à divers de ses travaux habituels. Un villageois est contraint de remonter au village pour remplacer son outil endommagé, ou quelque autre obligation équivalente.

Il aperçoit au loin un tsunami de grosse importance (invisible depuis la plage).

Il allume promptement une torche et met le feu à sa maison.

Pour renforcer la force du message, il met également le feu aux maisons voisines.

En quelques minutes, le village est un immense brasier.

Les villageois voyant la catastrophe remontent au plus vite pour tenter de sauver ce qui peut l'être encore.

Tous les villageois sont sauvés d'une noyade certaine & absolument inévitable.

L'histoire ne dit pas si l'incendie est finalement limité dans ses dégâts ou si le village est entièrement à reconstruire – mais par de solides bras préservés de toute blessure directe ou indirecte due au tsunami !

Dans le contexte, c'est une métaphore à la fois d'ordre mental et spirituel, qui pourrait donner lieu à plusieurs « moralités ».

Je voudrais relever l'analogie pouvant être faite avec le rapport des moyens et des fins.

Le moyen est ici pleinement justifié par l'urgence de la situation comme par l'immédiateté & efficacité de sa fin, et un résultat dépourvu de tout « dommage collatéral ».

 

Ma pause devrait se poursuivre jusqu'en février 2016.

28 mars 2016

Reprise Psy Or Occ - 00

A la réflexion, je ne puis entamer mes « Variations wattsiennes » sans avoir terminé mon incursion dans Psycho or et occ. Elle pourrait d’ailleurs esquisser le plan de ma toute première « Variation ». Ce qui est une bonne surprise (pour moi), plusieurs entrées dans la philosophie d’Alan Watts étant possibles et légitimes. Je ne parvenais pas à choisir l’une plutôt que l’autre.

Pour ne plus avoir à y revenir, mon avis sur les attentats consiste à la fois à déclarer que je suis de ceux qui pensent que la peine de mort doit être rétablie pour les terroristes (tout comme pour la récidive d’un homicide) ; mais aussi qu’il est criminel de bombarder des populations civiles. L’État étant supposé agir au nom des citoyens qu’il gouverne, je me sens très mal à l’aise à l’idée que je suis – par délégation – un tueur d’enfants et de femmes sans défense alors que personne n’accepte de recevoir la délégation que je veux bien lui accorder de tuer les tueurs ! Les deux devraient, en bonne justice, être indissociables : tuer les tueurs ; éviter de tuer des innocents.

Je passe et n’y reviendrai plus1.

 

Alan Watts, étudiant pour son compte, philosophant par lui-même, pratiquant selon son inspiration, vivant « de ses dons », était un free lance. Un anarchiste libertaire bien différent d’un fonctionnaire appointé. Fonctionnaire soumis à un programme, qui, de bon ou de mauvais gré, doit faire appel à ce que proscrit toute philosophie libre, vraiment libre : l’argument d’autorité et la norme académique. Laquelle se caractérise principalement par le fait de demeurer au niveau du discours. Sans aucun conseil d’hygiène de lecture : par exemple la boisson dont on peut se désaltérer en cours d’étude. Le thé et le café ou le chocolat, le vin selon qu’il est rouge ou blanc, l’eau pure ou gazeuse, etc. qui ont chacun des effets différents sur l’humeur, la perception, l’appréhension et la compréhension des choses. (Pour ne citer que des psychotropes et drogues du cadre légal, aux USA et en Europe de l’Ouest. Passant du grec au latin, Le divin par la « dive bouteille », en somme.)

 

Son dernier livre proprement théologique (Être Dieu2) aura été une préparation théorique à ses ultérieures assertions apophatiques & soulignant la priorité du contenu existentiel sur le contenant doctrinal. Il y inaugurait sa présentation d’une théologie négative, mystique mais pratique, concrète, abordant tous les problèmes, et surtout « faux problèmes » qui empoisonne l’existence. Par exemple, il tente de montrer, de faire sentir, ressentir, que traiter de l’Incarnation conduit notamment à parler de la Rédemption, et réciproquement ; de l’Immaculée Conception, également. Mais, que parler de l’un ou l’autre dogme, ne peut être que du verbiage s’il ne permet pas de saisir, dans son expérience personnelle, que tous ces dogmes, et leurs corollaires immédiats, ne traitent que d’une seule et même réalité. La première caractéristique de cette réalité étant que nous (en tant que conscience d’un « je ») vis dans un corps qui vit lui-même dans un environnement physique, avant même d’accéder au langage articulé. La première des disciplines en devient naturellement de s’immaculer soi-même de tout concept sur la réalité.

C’est sous cette ligne de départ que je voudrais reprendre mes commentaires de Psycho or oc, laissés en plan.

 

Le Dieu des chrétiens (des chrétiens seulement ?) s’est incarné justement pour apporter la rédemption de la chair, l’identité de la chair et de l’esprit dans la divinisation, ou déification de l’homme. Du coup, la question de savoir si Marie est restée vierge à la suite de sa coucherie avec l’Ange en devient une dispute byzantine. La forme du vocabulaire utilisée peut choquer les rationalistes ; le fond de nature à choquer les « croyants en biblio-latrie » sans aucune expérience du contenu des mots auxquels il « croit », mais se persuadant qu’ils DÉTIENNENT le bon discours. (Le détenant & lui étant donc extérieur.) Les manipulateurs politiques peuvent s’en servir à leurs fins.

(Ainsi Al Hallaj fut crucifié le 27 mars 922, ayant osé déclaré ANA AL HAQQ, « je suis la Vérité », pour des motifs plus politiques que théologiques ou – encore moins ! – spirituels.

NOTA : c’est la traduction la plus courante. Variante => « dans le vrai ». Il est bon d’envisager une connotation de type « Moi en réalité » ou « Moi-je dans sa réalité »… laquelle, bien sûr, puisque « réelle » ne peut être que « vraie ». Illustration, sous un autre aspect, de l’avertissement d’Alan Watts de bien discerner « Dieu qui se prend pour moi »

incarnation « divine » en chacun ; et « Moi qui se prend pour Dieu », un ego-centrisme un tantinet schizo et/ou parano… On peut noter aussi que, derrière ce « Dieu qui se prend pour moi », le référent est la présence du divin en soi-même, au minimum l’enfançon taoïste appelé à grandir jusqu’à exclure le moi humain, dépasser les limites du corps et s’en aller voler par le ciel plus haut que les grues, ces oiseaux magnifiques à la fidélité « conjugale » absolue et définitive.

Maintenant, tout cela dit, un vif pincement de mon orteil gauche vient de m’apporter la preuve existentielle & expérimentale – en ce qui me concerne – que je ne suis pas prêt à rejoindre le vol céleste des grues !)

&

Je voudrais pour terminer ce billet citer Albert Einstein (1879-1955) A propos de l'Univers...

« Un être humain est une partie d'un tout que nous appelons: Univers. Une partie limitée dans le temps et l'espace. Il s'expérimente lui-même, ses pensées et ses émotions comme quelque chose qui est séparé du reste, une sorte d'illusion d'optique de la conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous restreignant à nos désirs personnels et à l'affection de quelques personnes près de nous. Notre tâche doit être de nous libérer nous-même de cette prison en étendant notre cercle de compassion pour embrasser toutes créatures vivantes3 et la nature entière dans sa beauté. »

Selon « The New York Times » (29 Mars 1972) et « The New York Post (28 Novembre 1972), cette citation provient d’une lettre écrite par Einstein en 1950. (citation trouvée dans le site Psycho-textes, basé à Montréal)

 

1Mais, j’apprends, par hasard, comme d’habitude, que le rétablissement de la peine de mort pour certains délits serait une position d’extrême-droite. L’énonciation d’une nécessité ne pourrait-elle se positionner « au dessus » ?

2Titre original Beyond Theology. Ce qui, au final, veut dire « Au delà de tout discours sur la divinité de dieu » ;

ce qui est presque le reproche fait à El Hallaj. Il ne s’est jamais prétendu Dieu, ou incarnation du divin, mais uni à la Vérité de l’Amour (porté à) Dieu.

3Par exemple, un enfant qui se trouverait au mauvais endroit d’un mauvais moment du passage d’un éclat de bombe larguée par un avion français venant le tuer ou l’estropier. Qui, dans un tel cas, prononce la sentence de mort ou d’estropie ? Ponce Pilate ?

14 avril 2016

Reprise Psy Or Occ - 01

Alan watts l’appellera danse, en conclusion de son ouvrage. Reprenant son compte rendu sous un angle nouveau, je jetterai quelques idées en guise d’introduction. La santé mentale consistant à être et se ressentir en accord avec son environnement, ou encore que toute volonté de changement est pathologique (car prétention de posséder le Vrai et le Bien), que l’instance personnelle ou inter-subjective qu’il faudrait justement changer, ce n’est pas le consultant et/ou malade, mais sa propre volonté d’être autrement que ce que l’on est et/ou le psychothérapeute.

Pour faire image, ou peut-être même bien, pour établir une comparaison : vouloir changer ressemble à l’homme et/ou femme politiques qui a les capacités de parvenir au pouvoir mais aucunement les qualités de son exercice. Ses actions seront toutes influencées par un souci de conserver son pouvoir plutôt que par celui d’en user pour agir. En somme, ce qui était volonté de changement se transforme en volonté de conserver son pouvoir d’agir plutôt que d’entrer dans des actions qui risqueraient de le lui faire perdre. C’est un chien qui se mord la queue.

Et, ce ne peuvent être que de grands malades ces Grands de ce monde, qui veulent gouverner le monde sans être capable de se gouverner eux-mêmes.

Rappel, un adage : le gouvernement le meilleur étant celui qui gouverne le moins (dans le « gestion » de son/ses âmes comme celle de l’État).

Entrer dans la danse est une action, et toute action est intrinsèquement modificatrice de son acteur, certes. On peut l’admettre (ou non), il ne semble pas que ce soit une caractéristique majeure différenciant ou unifiant l’Orient et l’Occident1.

Par contre, il semble que la caractéristique majeure de l’Orient soit que la relation y prime ses éléments, chacun de ceux-ci étant sans cesse en changement. Le yin est indissolublement lié au yang, aussi étroitement que la nuit et le jour, mais leurs places réciproques s’inversent du soir au matin et du matin au soir2. Chacun, surtout en politique, devrait le savoir : le soir, il fait de moins en moins jour ; au matin, il fait de moins en moins nuit. Le soir/nuit/matin/soir est aussi bien un seul « système » que quatre en relation, desquels il est impossible de séparer d’autres systèmes amenant la variété des heures selon les latitudes, les saisons, etc.

(Ici, le gros inconvénient des malades de la politique est leur refus de pondérer la tendance de tout système à rester ce qu’il est, indifféremment des modifications de son champ d’application.)

&

Envisagée sous un autre angle d’approche, on peut songer à l’ordonnancement du tamis de Socrate, par lequel la première tâche est de s’assurer de la Vérité et son degré de crédibilité, la seconde de la Bienveillance et l’apport, le bénéfice pour l’autre, la troisième de l’Utilité et ses degrés. Roger-Pol Droit (dans l’un ou l’autre des deux ouvrages qui l’ont fait connaître du grand public, le premier sur l’Inde, le second sur le Bouddhisme) souligne l’inversion des priorités : dans l’advaïta comme le Bouddhisme, l’Utilité vient en premier, le Bon, l’action bénéfique en second, la Vérité et sa fiabilité en dernier.

Le Laozi, pour sa part, dit en substance que le gouverneur ne doit pas se poser en leader, mais se situer « derrière le peuple ».

Dans tous les cas, le bien et l’intérêt de l’autre est central, l’axe de la stratégie orientale – quelle qu’en soit la formulation et l’expression culturelles.

(Les prochains billets tenteront de tracer l’itinéraire du « changement » à l’adhésion au mouvement.)

 

1A un moment ou un autre, il faudra bien distinguer l’Orient (inclus Moyen-Orient) indo-européen de l’Orient vraiment Extrême de la Chine et des peuples de ses marches. Et aussi, ne pas négliger les influences de ce « monde » indo-européen sur le « monde » chinois, et réciproquement.

2Vrai pour le mouvement du Dao/tao des taoïstes mais aussi des confucéens et néo-confucéens : la jeune fille devenant épouse doit obéissance à sa belle-mère, mais seulement jusqu’à ce qu’elle devienne belle-mère à son tour.

24 juin 2016

Reprise Psy Or Occ - 03, 1/3

Mon idée était de filer le plus rapidement possible vers le dernier chapitre de Psycho. Je m'aperçois qu'il peut être fort utile de s'attarder un peu au tout premier chapitre.

En effet, pour fonder une psychothérapie vraiment scientifique, il faudrait imaginer un thérapeute qui puisse recevoir à son premier rendez-vous quelqu'un tel que le regretté Norbert E. Said (comme pourfendeur des arrières-pensées de l'imaginaire occidentale de l'Orient), au second quelqu'un comme V. Poutine (qui a su créer comme un pacte de non-agression mutuelle avec les Patriarcats de l’Église Orthodoxe, et, tacitement, toutes les religions de Russie et alliés russes), au troisième un Donald Trump (qui est une sorte de Bernard Tapie US ) ; au quatrième un Teng Xiaoping, qui découvrit le marxisme en France, en compagnie de Zhou Enlai, (un Teng qui fut d’abord farouchement anti-religieux et anti-spirituel, puis beaucoup plus libéral – sous réserve, assez logique, de s’assurer que la CIA ne se cache pas derrière cette liberté des cultes comme des expressions populaires « superstitieuses ».

L’ouvrage d’Alan Watts lève le canular ; mais un commentaire de celui-ci deviendrait inutile s’il ne montrait, ou suggérait, la différence de son début et de sa fin. Autrement dit le chemin à parcourir pour aller de l’un à l’autre.

Comme le dit Joseph Needlam (1900-1995)1: « Oui, à la science moderne occidentale ; à la science occidentale, non ! »

Ce qui implique que N.E. Said (1935-2003), V. Poutine (1952-?), D. Trump (1946-?) , Teng Xiaoping (1904-1997) – par-delà le temps et l’espace – venaient à devoir consulter un même thérapeute selon la science occidentale, en raison d’un quelconque malaise ou mal être, que la nosographie se chargerait, -soyons en sûr-, de cataloguer... Eh bien ! Cet hypothétique psychothérapeute occidental pourrait/devrait/serait supposé leur apporter un même réconfort moral sans tenir compte de la situation de guerre du Moyen-Orient, des intérêts de toujours de la Grande Russie, d’un rêve américain ressemblant parfois à des histoires de gangsters ou des modifications cruciales entreprises en Chine au plan économique, mais aussi de la liberté religieuse et démocratique2.

(Étant entendu implicitement qu’une situation de guerre, les sociétés moyen-orientales, les cultures russes, américaines et chinoises ‘profondes3’ ont chacune des agents pathogènes propres.)

&

À jeter un coup d’œil sur l’actualité très immédiate en Angleterre et en France, peut-on ignorer que les pays les plus farouchement pro-européens sont ceux pour qui l’UE est une garantie de leurs propres intérêts économiques et militaires nationaux ? Et, à l’intérieur de chacune des nations, l’existence de particularités identitaires basques, bavaroises, bretonnes, catalanes, corses, écossaises, et cœtera !

Alan Watts, à l’Académie des Études Asiatiques aimait citer A. David-Neel (1868-1969), en préalable de ses propres cours. A. David-Neel, qui comparait la pluralité des aspects et la désunion des instances du « Moi » au parlement de la 3° République.

À mon avis, nulle doute qu’aujourd’hui, elle prendrait la métaphore du Parlement de l’Europe (comme de l’incurie de certains de leurs dirigeants nationaux et régionaux).

&

La prise de conscience de notre ressenti envers la culture dominante comme envers la nature environnante est la première clef d’une « thérapie libératrice » qui soit autre chose qu’une simple conformité aux normes de la respectabilité sociale. (Laquelle se résume trop souvent au service des intérêts économiques de multinationales, indifférentes au respect des particularités culturelles nationales et régionales, tribales, claniques ou associatives. Dans ce domaine, caractéristique de la « Mondialisation », le ‘tout’ n’est pas un ‘plus’ que la somme de ses parties ; il est un moins. La Mondialisation économique n’est pas un ‘plus ‘ ou un ‘mieux’ dans l’existence de chacun – et de chacun dans ses appartenances de groupe. Elle est un ‘moins’, une soustraction du bonheur d’exister comme une dévaluation de la capacité de regarder en face le tragique de la vie.)

1La science chinoise et l'Occident, Paris, éd. du Seuil, 1973, pp 55, 113, 241.

2N’en déplaise à nos sinologues, qui feraient bien de relire dans les Évangiles, la parabole de la paille et de la poutre.

3J’utilise ce mot à la mode, synonyme, semble-t-il, de véritable ; mais en matière de « pathogénie » mentale, il est à noter que le ‘superficiel’ est tout aussi efficace que le ‘profond’. La « pathogénie » atteint son pic lorsque le ‘profond’ et le ‘superficiel’ (=affiché et verbalisé) sont en contradiction antagoniste.

1 juillet 2016

Reprise Psy Or Occ - 03, 2/3

(Bien entendu, ce que le précédent billet, citant Needlam disait : « ...à la science occidentale, non ! » s’applique à l’économie européenne; et, au sujet des particularités pathogènes propres à chacun des groupes sociaux, se concrétise également dans ce nouveau groupe qu’est la nomenklatura des institutions européennes.)

Les psychothérapies et les moyens de libération spirituelle ont en commun, nous dit Watts, une transformation de « la conscience du sentiment interne de l’existence personnelle ; ensuite, l’affranchissement de l’individu par rapport aux formes de conditionnement que lui imposent les institutions sociales. »

« La psychanalyse n’atteint son propre accomplissement qu’en se faisant analyse historique et culturelle. », ainsi que l’a formulé Norman O. Brown. L’efficacité de la conversation sur le divan trouve rapidement sa limite (de même que la sphère spirituelle ou la religiosité qui ne seraient que conviction individuelle isolé dans un clos privé et hermétique aux influences sociales et naturelles, qui s’interdirait toute action sur ses conditions de vie. Considérer une meilleure liberté d’action comme preuve de santé mentale ne peut qu’impliquer une exploration de l’ensemble des facteurs inconscients qui prétendent imposer, limiter ou manipuler les contextes d’exercice de cette même liberté d’agir et de se comporter au monde.

La perspective n’implique aucun esprit de nivellement ou de normalisation (autre que celle de qualité et de protection des falsifications diverses).

(« Dans la construction européenne, le principe de subsidiarité, est une règle de répartition des compétences entre l'Union et ses Etats membres. En dehors des domaines de compétences qui lui sont propres, l'Union Européenne n'agit que si son action est plus efficace que celle conduite au niveau des États ou des régions. »1)

On peut tenir pour assuré qu’il existe un « lien karmique » entre l’attitude des européens vis-à-vis de la pauvreté et de l’Islam, les attentats du Bataclan et d’Istambul, l’incurie des politiques qui semble vouloir s’étendre de plus en plus, la « crise européenne », la rivalité interne des anciennes puissances coloniales, la domination américaine, la remontée en puissance de points d’attraction tels que la Chine, le « monde arabe » et la Russie…

et le café noir que moi « je » prends au zinc du bistrot du coin.

Le tissu des liens karmiques personnels, des plus nobles aux plus triviaux sont intégrés au karma collectif, ses lois naturelles, ses fonctions, ses instrumentalisations sociales et ses manipulations politiques.

Cela ne veut en rien signifier qu’il faille (pour une bonne santé mentale ou une libération spirituelle) intervenir sur tous ces points, et beaucoup d’autres. Statistiquement, sur les sept milliards de terriens, le nombre des individus touchés par les balles au Bataclan, à l’Atatürk Airport d’Istanbul et ailleurs demeure infime. Pourtant, métaphysiquement & éthiquement, au niveau d’une conscience personnelle réellement planétisée, chacun, tout un chacun, est le tireur et la victime !

Cette constatation peut amener une sensation d’impuissance et de désespérance, susceptible de faire excellente litière à n’importe quel trouble mental personnel, provient – selon Alan Watts – de la méconnaissance du caractère conventionnel des règles du jeu de la Vie.

Le premier pas vers une bonne santé mentale et spirituelle est de ne pas prendre trop au sérieux les règles du jeu (et de l’ego), tout en sachant qu’elles sont aussi nécessaires que la grammaire, le système métrique ou le code de la route. Corrélativement, comprendre que la relativité de l’injonction de rouler à gauche ou à droite n’implique en rien qu’il soit bon de rouler indifféremment à gauche ou à droite, de passer au feu rouge et de s’arrêter au feu vert selon son bon plaisir, et cœtera !

1Source : http://www.toupie.org/Dictionnaire ; cf. Wikibéral, à l’entrée « subsidiarité ».

5 juillet 2016

Reprise Psy Or Occ - Post-Sriptum 3/3

Quand il était encore intégré dans une société traditionnelle ouverte aux forces de la nature, l'être humain se nourrissait de mythes et de symboles qui donnaient un sens à sa vie et à sa mort. Nous sommes sortis de cet univers culturel. Nous le regardons de l'extérieur par notre intelligence. Nous ne nous percevons plus comme des membres à part entière de la nature. Nous l'explorons, et nous étudions les symboles qui y puisent leurs racines, par analyse, déduction, comparaison et autres tours de force intellectuels, mais nous ne les percevons plus de manière directe, intuitive, sensitive, ainsi que le faisaient ceux qui vivaient en communions avec leur cadre de vie, suivant le rythme des saisons et des ans sans qu'il soit besoin de s'en a-percevoir1. Faisant partie du paysage,ils ne ressentaient aucune envie d'en sortir pour le contempler. La culture moderne, tableau accroché au mur du salon, nous laisse au contraire discourir à son propos et nous interdit d'y pénétrer. La religion, la poésie, la musique ne sont plus que des ornements de nos esprits; un spectacle à regarder, et pas une fête active, unifiante et porteuse de sens. (...) L'homme moderne sait par oui-dire qu'il y eut d'autres manières d'exister et d'aborder le monde. Il en fait de moins en moins l'expérience. Il va au musée examiner avec curiosité ce qui fut pour d'autres banalité quotidienne, leur simple affirmation d'être. Il s'extasie, avec une certaine condescendance – n'exagérons rien. Et, il s'empresse de se rassurer en songeant que ces pauvres peuples primitifs sont obligés de chanter en travaillant parce qu'ils n'ont pas de transistors, ou de danser pour se réjouir parce qu'ils n'ont pas de pharmacien pour leur fournir des thymoanaleptiques. « Personne n'y fait rien dans le but avoué d'orner un musée, d'être exposé dans une galerie, ou pour que les journaux en fassent la louange.2 »

La classique opposition des manuels de philosophie entre Être et Avoir se trouve ainsi tout à fait dépassée : l’homme moderne n’est même plus ce qu’il a, mais ce qu’il croit avoir. Dépossédés de nous-mêmes, nous nous dépossédons des biens matériels sur lesquels nous avions misé. Car cet avoir est du toc, qu’il s’agisse de nourriture, de vêtement, de mobilier, de « services », de connaissance ou d’expérience.

Le monde moderne nous place dans l’impossibilité d’éprouver charnellement notre présence au monde. La pseudo-consommation, tout en nous faisant saliver, nous laisse sur notre faim, nous emporte, nous étourdit, ne nous apaise pas.

Les membres de nos sociétés modernes, nous dit Watts, sans « principe d’unité » psychologique et culturel, vivent dans l’absurde.

Nous avons des schémas abstraits, des modes du paraître, et même des théories& systèmes économiques ; mais sans aucune insertion ni connexion avec les préoccupations de la vie quotidienne concrète. « Car, notre civilisation ‘matérialiste’, vraiment mal nommée, devrait cultiver l’amour de ce qui est matériel, de la terre, de l’air et de l’eau, des montagnes et des forêts, de la nourriture, de l’habitat et des vêtements... 3»

&

A l’intérieur (ou en étroite intrication avec telle ou telle des possibilités politiques allant du ‘libertaire’ aux divers régimes figurés dans « Le Meilleur des Mondes » publié en 1931 par Aldous Huxley et « 1984 », publié en 1949 par Georges Orwell ou « Un bonheur insoutenable » de 1970 par Ira Levin), l’Occidental se reconnaît aliéné et voudrait affirmer son autonomie comme faire cesser son malaise. A leurs façons, tous les autres peuples de la Terre d’origine extra-européenne, ont cette préoccupation de bonheur qui ne s’oppose pas à la liberté. Mais ce que les Occidentaux appellent « aliénation », les Orientaux la désignent du terme d’ « ignorance », suggérant ainsi que la liberté (et le bonheur) s’acquièrent plus par la connaissance que par l’action. Une édification intérieure dont les échafaudages sont temporaires et modifiables en cours d’utilisation ; dans lesquels les concepts, les images, etc. n’ont de vérité qu’utile à l’entendement et à l’action. Le champ de l’édification du Soi (ou conscience cosmique) est réel, les moyens (upaya) de son accès sont transitoires et, au total, aussi illusoires que les illusions qu’ils dénoncent ou les maux dont ils veulent nous affranchir – sans d’ailleurs chercher à délimiter clairement et définitivement ce qui relève du Bien et ce qui relève du Mal. Sans mal aux pieds, irait-on ‘consulter’ son chausseur ?

1Cf. Signification du Bonheur, p 107

2Matière à réflexion, p 159

3Matière à réflexion, p 11

27 juillet 2016

Spécial mauvais jour

Ces lignes sont de circonstance, et montre l’actualité de l’approche d’Alan Watts1 :

Pour les Pères de l’Église, tel Origène ou Clément d’Alexandrie, il ne peut y avoir de « Guerre juste ». La « Guerre sainte » doit être menée par la seule Parole de Dieu.

La notion de « Guerre juste » n’apparaît qu’avec Saint Augustin, qui y pose néanmoins des restrictions si sévères qu’elles la rendent presque impossible, notamment : se battre sans haine, sans volonté de pouvoir ou de gain matériel.

Alan Watts pensait que l’injonction du Christ « Aimez vos ennemis » est à prendre littéralement. Elle n’implique pas de changer de camp. Elle signifie d’aimer ses ennemis tels qu’ils sont : des ennemis. Et, la caractéristique majeure d’ennemis est de se battre entre eux, ou bien alors de se retrouver en situation d’amis.

Le refus de l’autre en tant qu’ennemi ne laisse aucune chance de le (et de ‘se’, soi-même) transformer en ami.

(Pour mettre à jour 2016 : ce n’est pas en insultant les terroristes de l’E.I. qu’il est possible de les éliminer. Pour les éliminer, il est nécessaire mais suffisant de les tuer. Par contre, les insulter – par exemple en les traitant de cinglés, est un bon moyen de diffusion de la haine.)

Le caractère impitoyable des guerres de religion, et des guerres idéologiques en général, provient précisément du refus de reconnaître l’ennemi dans sa propre adversité d’ennemi; également du refus de tuer l’ennemi (sans haine ni manipulation politicarde) comme de celui de tenter d’instaurer des conditions de Paix, d’amitié.

Avoir le courage, et le Devoir, de tuer sans haine, est également l’un des thèmes de la BH. Gîta.

Tuer en devient alors un karma-yoga...)

PS – Qui est un commentaire personnel : ces horreurs ne sont pas si nouvelles que ça. L’odieux, l’exécrable, l’ignoble, l’indigne, l’abominable, l’immonde, c’est la récupération politique de tous bords. La police, la gendarmerie, divers services officiels ou secrets font leur travail. Et puis, comme c’est bizarre, « on » sabote ou neutralise le résultat de leurs actions. Une commission, très officielle, compétente suggère quelques modalités. Son rapport, comme au temps de la 3° République, est enterré dans un tiroir !

Lors de la Guerre du Vietnam, le moine Thich lançait à ses ennemis un message de Paix et non de haine. Pas plus que de capitulation.

A mon avis, propager la haine du chien est inutile, nuisible, contre-productif. Face à un chien qui a la rage, il « suffit », sans haine ni peur, d’utiliser une bonne carabine et de viser juste.

Ce qui a d’ailleurs été fait. Mais, je ne puis m’empêcher de remarquer que la police, agissant dans l’urgence, a pu le faire correctement. C’est-à-dire avant qu’un politicard quelconque ne s’en mêle.

1cf. publié en début 1983, Alan Watts, taoïste d'Occident, Pierre Lhermite, La Table Ronde, pp 68-69.

19 août 2016

Dernier billet 2/2

Je comprends parfaitement qu’il ne soit pas bien courtois de parler de cordes dans la maison d’un pendu ; pas plus que d’appeler un chat « un chat », en présence de souris. Comment faire alors pour traiter du suicide, ou de la relation du prédateur à sa proie ? L'esprit et le sens de la philosophie d'Alan Watts est de parler pour aujourd'hui, pas pour l'antiquité ou la grandeur de la période andalouse de l'Islam...

L’expression de certaines de mes opinions (doxa) actuelles amèneraient également à me faire aussi bien qualifier d’extrême droite que de dangereux gauchiste. (Alan Watts était a-politique, quoique lui-même taxé à l’occasion de dangereux anarchiste ou, inversement, de pseudo libertaire droitier !)

Mais, je ne suis pas un commentateur politique. Je n’ai pas envie d’entrer dans la mêlée de tous les mensonges, contre-vérités, approximations et manipulations en tout genre, qui occupent depuis plus d’un an la une des journaux occidentaux – dont les racines profondes, lointaines, relèvent de certains thèmes abordés dans Psychothérapie Orientale et Occidentale.

Bref ! Je vais passer un peu plus tôt que je ne le pensais à la suite de mes projets.

Mon blog n’est pas supprimé pour autant : si des informations et appréciations nouvelles sur la philosophie d’Alan Watts viennent à ma connaissance, je les indiquerai – y compris celles qui ne vont pas forcément dans le sens de mes propres commentaires. Rien de changer sur ce point.

Simplement, à l’automne, mon centre d’intérêt va se déplacer vers Variations Wattsiennes.

(Le lien est actif, mais son ou ses contenus des semaines à venir sont un pur entraînement personnel.)

20 juillet 2018

Devoir des Vacs d’Été 18 – 00,1

(Heureusement, l’upaya est précisément là pour tromper samsara dans ses prétentions D’Être le Nirvana ; l’upaya est même le principal moyen pour lier le samsara au nirvana. Traduit par « moyen habile », on pourrait dire qu’il est une illusion instrumentalisée au service de la « vraie » réalité. Mais…)

Aujourd’hui, je voudrais dire quelques mots sur la méfiance que les mots, entendus comme moyen de communication, peuvent et/ou doivent inspirer au chercheur de sagesse.

Au tout début du Tao Te King (dao de jing), il est indiqué que la seule légitimité & utilité & vertu de la vérité d’un mot, d’un Nom, tient à sa constance, sa permanence, sa solidité ai-je envie d’ajouter. On pourrait peut-être en déduire que la vérité & vertu d’un nom est sa totale indépendance quel que soit le contexte sémantique ou la situation du locuteur en relation avec son auditeur.

Très concrètement, c’est nécessaire pour une bonne éducation des enfants.

Malheureusement, je n’ai pas d’enfants. Mais, j’ai eu des chiens et, avec ou sans mot, ils avaient confiance en moi. Quoique je fasse, quelles que soient les circonstances. Pour indiquer ma présence, j’avais une manière spéciale de siffler. C’était un simple son qui n’impliquait aucun ordre, mais seulement que j’étais là.

L’un de mes chiens, un Beauceron au maximum du standard, avait été sollicité pour un concours de chiens en groupe. Mon chien n’avait pas l’habitude de côtoyer tant de chiens différents, ni, encore moins, de se trouver au milieu d’une foule et de bruits si inhabituels. Au moment de sa présentation, il était visiblement effrayé et donnait l’impression de vouloir se cacher au milieu de quatre autres Beaucerons, qui constituaient le groupe soumis aux juges & vétérinaires. Au milieu des spectateurs, j’étais découragé (et je n’osais pas crier son nom ; il aurait pu l’interpréter comme l’ordre de venir au pied. La catastrophe!). Par une céleste inspiration, à n’en point douter, je me suis mis à siffler… à siffler mon nom et le sien, à siffler notre unité de vie. Aussitôt, au moment même où le vétérinaire arrivait à la hauteur du groupe, il se dressa, aux aguets, cherchant où j’étais. Nous eûmes le premier prix de présentation groupée. (Le propriétaire des autres chiens m’avoua que lui aussi s’était senti désespéré et impuissant, juste avant mon sifflement de reconnaissance.)

La différence est immédiatement saisissable : pour le chercheur spirituel, le « signal constant » n’est pas dirigé vers l’autre mais vers soi-même, s’interrogeant sur son inclusion en Tao (j’adore l’expression affirmant qu’en Tao, le premier pas est également le dernier.) Toute réponse est la bonne, ce qui explique les innombrables « wu » (sans et/ou « en absence de ») l’action, l’effort, l’esprit/mental, pensée discursive, etc.)

Selon Alan Watts, tout concept qui renvoie à d’autres concepts est stérile s’il n’est pas nécessaire. Sauf divers cas, lesquels différencient la nature même des autres concepts : par exemple, la fonctionnalité opérante d’une pioche dépend de son manche, bien qu’un manche de pioche puisse servir à d’autres fonctions que piocher : assommer son voisin, tuer son chat, casser le fenêtre de sa voisine, etc. Mais, j’avoue mon manque d’expérience en la matière, n’ayant jamais assommé mon voisin, tué mon chat ou cassé le fenêtre de ma voisine.

La pioche sert à piocher,

mais un manche de pioche peut être détourné de sa destination,

un peu comme la religion qui sert à relier, libérer et apaiser :

mais sert parfois à séparer, oppresser ou faire la guerre.

Un point (d’interrogation) s’ensuit, assez vexant pour quelqu’un qui comme moi s’est assez tôt méfié des « belles paroles » : Comment parvenir à l’unité de sa propre personne sans parvenir auparavant à la cohérence de son discours… (?)

Complémentairement, s’il faut utiliser le sens des mots chez Alan Watts comme signification, il faut aussi, surtout, et du premier parvenir au second : comme perception sensible, comme foi de confiance totale dans la sensation.

Pouvez-vous imaginer la frayeur et l’impression de perdition de mon chien (qui ne s’était jamais trouvé au milieu d’autant d’autres chiens, de gens, de bruits, de divers autres stimuli nouveaux) ; et le soulagement d’entendre ces notes du maître – perdu dans la cohue, au milieu de tous ces brouhaha, tohu-bohu et charivari ?

Un Satori canin, quoi !

Tout comme il advient à notre conscience ordinaire la perception de l’Éveil qui est déjà en nous (et/ou la Voie dans laquelle nous sommes déjà). Tel nirvana au milieu de samsara.

Ps- Ce qui n’épuise d’ailleurs pas le sujet… En consultant des dicos, à vue de nez, il y a environ 500 items relatifs à ce dont je viens de faire allusion.

(L’ésotérisme vivant, dans le cœur aussi bien que l’esprit (entendu généralement, peu ou prou, comme d’abstraction, est supposé, en principe, permettre de saisir l’ensemble de tous ces éléments, à partir de la compréhension de quelques exemples.)

 

 

 

 

21 août 2018

Devoir des Vacs d’Été 18 – 01,02 bis

Ce qu’on peut reprocher à la philosophie, c’est qu’elle ne sert à rien.

Disait Paul Valéry

A mon avis, car je n’en sais rien, Valéry voulait dire par là qu’il ne sert à rien de se jeter à l’eau avec son manuel de natation.

(Par contre, l’autre citation de Paul Valéry que j’emprunterai pour clôturer cette série de billets dits « de vacances » se suffira à elle-même.)

Auparavant, j’aurai probablement fait une brève présentation de La philosophie du Tao, Alan Watts, Ed. Du Rocher et rappelé aussi qu’Alan Watts, lorsqu’il donnait des cours (ressemblant un petit peu à ce qu’on attend d’un « cours ») prévenait ses étudiants qu’il prenait la parole en présupposant connu de son auditoire la teneur de l’ouvrage Lesenseignementssecrets des Bouddhistes tibétains, d’Alexandra David-Neel (sur la multiplicité du moi, par là son inexistence ontologique).

&

Et, par le fait, on ne peut que se ranger de l’avis fort pertinent de Pierre Dac : « Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir. ». Mentionné dans Le Mendiant (sensdutao.over-blog.com).

L’objectif n’est pas de choisir entre l’aphasie et la logorrhée. En deçà de ses pathologies, parler est une attitude d’ouverture réelle à l’autre. Mais, la valeur de parler comme aussi de se taire dépend sa propre attitude & intention. (La diffusion d’une vérité ne vaut que motivée par un souci de justice. Sens premier du mot « pravda » en russe, qui désigna la propagande de l’organe de presse du même nom, à l’époque stalinienne. Un minimum de culture slave peut être utile pour comprendre certaines tournures inhabituelles de phrases de plusieurs auteurs dits ésotéristes – Gurdjieff, par exemple.)

Résumons : tenir compte d’une vérité est toujours salutaire mais toute vérité n’est bonne à dire qu’en vue de la justice (relationnelle, économique, politique, qu’en sais-je ? Thérapeutique, pourquoi pas ? Par exemple, qu’un mal de tête peut provenir d’une cravate trop serrée, ou un mal de pieds de chaussures trop petites.)

Il y a également ce si fréquent hiatus entre le silence oral/buccal et silence mental. Hiatus qui peut avoir le même effet qu’un tuyau dont on presse le bout de sortie et y gagne en puissance – quand fermer ou sinon fermer, réduire l’ouverture du robinet arrangerait la difficulté. N’oublions pas la verbosité purement buccale se réduisant à la perméabilité d’un mental en imitation et citation spongieuses.

Avec ou sans passage par ces gaudrioles estivales, cette inutilité de la philosophie se révèle dans la quiétisme, l’apophatisme, la différence (intra quêteur de libération) de l’abrupt et du progressif dans la conception même d’une vision du Réel – observation, réflexion, méditation, contemplation, unification.

Pour résumer, on substitut l’habituelle triangle de la Signification

 

Signifiant Signifié

 

 

 

Référent

Rappel :

Signifiant => le mot

Signifié => le sens lexical

Référent => la chose

 

[L’ennui étant qu’Alan Watts reprend à son compte l’affirmation centrale d’Alfred Korzybski « La carte n’est pas le territoire qu’elle représente », simplifiée en Le mot n’est pas la chose.

(nama – rupa ; le nom et la forme)

On conseille de se défier de la corde dont la forme vous évoque un serpent.

(Mais, au fait, ne vous est-il jamais arrivé de botter une couleuvre qui faisait désordre tel un bout de corde abandonné au milieu du chemin de votre habituelle promenade. La vitesse de réaction de cette nommée corde est d’ailleurs saisissante.]

En tout cas, pour le moment, on peut constater qu’il y a une différence entre Signification lexicale et Signification existentielle – d’expérience directe.

 

« Nous pouvons en gros diviser les philosophies en deux branches : orientale et occidentale. Chaque branche peut à son tour se diviser en deux systèmes : indien et chinois en Orient, grec et juif en Occident. Au début, chaque système semble tout à fait indépendant ; puis, à partir du IIe siècle avant l’ère chrétienne, les systèmes juif et grec se rejoignirent, donnant naissance à la philosophie de l’Europe médiévale ; au même moment, le système indien rejoignit le système chinois, donnant naissance à la philosophie de la Chine médiévale. Aux temps modernes, le déclin de l’influence indienne et la remontée du confucianisme ont conduit au développement de la philosophie chinoise moderne tout au long d’une période s’étendant du XIe siècle jusqu’à aujourd’hui. De même, la pensée européenne s’émancipa progressivement de l’influence juive et développa la philosophie européenne moderne. Aujourd’hui, ces deux grandes branches (chinoise, occidentale) se rencontrent et s’influencent mutuellement. Il est possible que dans cinquante ou cent ans nous voyions l’émergence d’une philosophie mondiale, mais ce n’est pas encore le moment d’en dire plus. » schématisait Hu Shi.

(Hu Shi (1891-1962), qui, avec quelques autres, tentait de réhabiliter et contrebalancer le regard défavorable que le monde de fin 19° et tout début 20°. A l’aulne du pragmatisme de l’Amérique, dit-on.)

Ce fond de tableau, peint à grands traits, fortement lexical, assez politique mais peu existentiel, en vaut un autre. Sauf qu’il n’a pas grand rapport avec le Sens des Mots ponctués de longs silences, dont il est ici question.

Petite remarque en passant : ces chinois pan-modernisme américain paraissent ignorer qu’il y eut en Europe une « philosophie médiévale », qui connut son apogée au XII°siècle, avant de décliner jusqu’à la (prétendue) Renaissance, qui s’appellerait mieux « Certification de Décès ». « Philosophie Pérenne» qui se double d’un déchiffrage ésotérique et s’accompagne (en principe) d’une expérience (tantôt d’interprétation, tantôt vers un vécu pouvant être approximativement qualifié de « instinctif » que de « intuitif » : philosophie perenne de tous les jours, au jour le jour, pour tout le monde et tout un chacun, pas spécialement grand érudit, ni petit imbécile non plus.

 

 Citation extraite du Blog des penseurs

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 > >>
Publicité