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La Philosophie d'Alan Watts

11 juin 2015

Faire sans faire sa voie 2/3

 

Ce billet pourrait s'intituler « Où il sera encore fait mention de roman, mais la question ne sera pas là. »

J'attribuais à Gustave Lanson, au sujet des styles littéraires, cette citation : « Les doctrines ne valent jamais mieux que ce que valent ceux qui les appliquent. » Mais, en dépit d'efforts réitérés, je ne parviens pas à retrouver la référence exacte.

Il en va de même de l'auteur de cette citation, à laquelle je crois pourtant dur comme fer depuis des décennies : « Le Maître crée, le Disciple conserve, les autres – les suiveurs – trahissent. »

Je puis dire qu'Arnaud Desjardins est mon Maître spirituel, tout comme Alan Watts est mon Maître de Philosophie ; mais, franchement, je n'ai pas le sentiment de conserver grand-chose, ni non plus de trahir, puisque je ne suis pas Disciple de l'un ni de l'autre. Ou alors, un disciple surréaliste à la manière de Salvator Dali s'affirmant « non croyant, mais pratiquant ». Je dois à l'honnêteté intellectuelle de fournir les références exactes de mes assertions, mais l'esprit prime la lettre dans mon étude. Et, depuis pas mal de temps, (dans mon esprit) la connotation d'étude est celle de xué (étude, en chinois), qui se réfère à un apprentissage en pratique (laquelle ne dénote pas seulement un savoir faire, mais aussi un état d'être), à la manière de Tetsugen disant « La cuisine est mon étude ». Je l'ai écrit quelque part : pour devenir un cycliste, il faut apprendre à monter à bicyclette, mais on ne peut apprendre à monter à bicyclette sans bicyclette. Par rapport aux lignes ci-dessus, appelons « esprit » le fait de se trouver un cycle et d'y monter… et « lettre » le fait d'étudier la théorie du cyclisme ou la technologie du deux roues sans jamais aller y pédaler. Juste en passant : c'est ici qu'on voit que « l'esprit » peut être très matériel, et la croyance très savante, intellectuelle, mais sans jamais le moindre effet pratique.

Dans le même ordre d'idées, quand j'ai entendu dire de la bouche d'un très officiel professeur de philosophie d'une Université qui en compte d'excellents, qu'Aristote n'a jamais divisé la philosophie en métaphysique, logique, éthique et psychologie, que son « logos » peut s'entendre à l'intérieur de l'une ou l'autre de ces catégories, ça m'a fait « tilt », satori ou autre, en tout cas un sacré choc. Mettons (là, j'invente) le logos qui anime l'univers, le logos qui permet de raisonner, le logos qui dicte la conduite, le logos qui donne les explications (et les moyens...éventuellement thérapeutiques) d'un comportement. Un logos d'une signification qui serait proche du Tao, s'il n'avait été associé au verbe créateur qui s'incarne dans un homme qui est aussi (d'une manière ou d'une autre) l'une des trois personnes divines (les deux autres étant Dieu le Père et Dieu le Saint Esprit). J'en ai retiré cette idée qu'on dira simpliste : toute assertion qui ne peut avoir le même sens inhérent tant au niveau métaphysique, logique, éthique et psychologique doit être d'abord réputée fausse, mal formulée, inopérante ou aliénante. Elle peut entrer dans cet autre territoire qu'est celui du système de valeur. Ou celui des monothéismes en tout genre (dont le laïcisme mono-athéiste et l'économisme mono-je m'en mets plein les poches). En politique, on voit ce que ce que ça donne… Mais chut ! Pas de polémique !

&

Le grand avantage de l'idée d'une unité de la philosophie est de grandement faciliter la transversalité des diverses sous-catégories (physique, épistémologique, herméneutique, heuristique, etc. jusqu'à l'art de distinguer un vin de Bordeaux d'un Sauvignon de Californie ou d'un Pineau des coteaux de la Chine méridionale. Sans oublier l'art du Sexe, ni le romantisme de certaines émotions de tonalité poétique… poésie que les chinois qualifie de Grande Parole par rapport à la petite parole discursive, explicative et raisonnante. L'intuition de la Grande Parole unifie le fractionnement de la parole ratiocinante et sectaire, les identifications de croyance qu'elles soient du Catholicisme romain ou du Bouddhisme Bonnet Jaune ou des Cotations de Places Boursières. Là encore, chut ! Pas de polémique !)

&

Hypothèse : le Maître philosophique et la Maître spirituel sont des créateurs en ce qu'ils initient à l'intuition de la Grande Parole ; le Disciple conserve l'exotérisme de la petite parole sans en faire partager la saveur existentielle ET poétique ; les autres trahissent en ce qu'ils tentent de saisir les arcanes de la petite parole comme étant des réalités. Ce sont des croyants mais non pratiquants. Ceci étant une simple hypothèse… Laquelle, sauf erreur de ma part, n'a toujours pas été validée par le Centre ésotérico-pataphysique de Gare de Perpignan.

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26 mai 2015

Faire sans faire sa voie 1/3

Comment emprunter un chemin, un mode de vie en dehors des règles strictes, admises comme inévitables, du modèle standard de la vie moderne ? (Dans le cadre de ce billet, je laisserai de côté la toute première chose qui s'impose, d'une discrimination à faire entre les règles – devenues – réellement inévitables et celles auxquelles on consent par manque de spontanéité.)

Y penser comme variante ou modalité du non-agir ou du karma yoga est le premier écueil à contourner.

Dans l'image de la corde et du serpent, ce n'est pas l'erreur de perception qui est visée, mais notre attitude d'identification à l'objet (neutre, plaisant ou déplaisant) de nos perceptions. Il en va de même pour nombre d'autres métaphores, y compris, peut-être surtout quand la perception s'associe quasi instantanément à la spéculation (type : un billet coloré billet de loterie gagnant achat voiture de sport (et/ou achat robe super séduisante, coiffeur, institut de beauté) conquête fille belle et sexy (et/ou preux chevalier bien membré) supers enfants bonheur et richesse parfaites!)

...était l'une des idées qui me sont venues pour engager ma première étude sur Psy or oc, par le thème d'un « Faire sans faire sa propre voie ».

Mais, je viens par hasard de découvrir un article qu'il me paraît bon de partager avec mes visiteurs :

from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/05/le-materialisme-spirituel-dalan-watts/

...lequel donne ses traductions, dont celle de « does it matter ?» qui rend le « matter » en français par « important ». A titre polémique (seulement), on pourrait tout de suite remarquer que mais c'est bien sûr ! On part en croisade pour délivrer le tombeau du Christ, mais arrivé sur place on découvre les richesses d'Orient ; et alors on découvre un souci bien plus « important » que celui de savoir qui doit garder le tombeau sacré piller les richesses d'Orient ! Puis, dans le souci de protection des pèlerins, on crée ce qui fit office d'argent on découvre le Pouvoir de l'argent, on spécule dessus on finit sur le bûcher des templiers.

(Pour qui voudrait aller plus loin, j'avais tapé dans google « Richesse ou argent+Alan watts ».) Pour revenir à mes propres propos, je traduirais volontiers « does it matter ? » par « cela fait-il l'affaire ? » ou « cela marche-t-il ? » afin d'en revenir à cette question de la corde et du serpent ; et nos identifications, lesquelles sont toujours désastreuses : reculer par crainte de ce que vous percevez, qu'il s'agisse d'une corde ou d'un serpent, butter sur un gros caillou et se casser une jambe. Et voilà ! (Dit en passant, j'ai toujours appris que l'expression « what's the matter ? » signifiait principalement « quel est le problème ? » ou « quel est le point en cause ? », selon le contexte.) En premier thème d'étude, je voudrais essayer de dégager quel est le problème commun ou le point véritablement concerné. J'entends => dans la discrimination psychologie et spiritualité, « spiritualité » étant entendu au sens de « voie de libération » ; c'est littéralement parole d’Évangile, qui dit «alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »

Inversement, s'il convient de ne pas se laisser berner en prenant une corde pour un serpent, je tiens à dire qu'il est dangereux de donner un coup de pied à un serpent que l'on prend pour une corde. Le mot n'est pas la chose, mais il vaut mieux prendre en considération toute pancarte indiquant « chien méchant » (ou toute image d'une mise en garde contre la corde qui est un serpent ; tant est, à tout prendre, qu'il mieux vaut percevoir un serpent dans une corde que l'inverse). Le faire sans faire ne saurait être au plan verbal bien plus qu'une modalité ou une variante de l'agir sans agir, mais soyons pragmatique : que fait-on quand on agit sans agir ? Que l'on pense sans penser ? Que l'on est sans être ?… qu'on marche en une voie spirituelle qui est nôtre… le sujet de l'ouvrage Psychothérapie Orientale et Occidentale.

25 février 2015

Psy Or Occ 03

Introduction (suite et fin)

C'est de façon aléatoire que j'ai « choisi » de terminer mes notes d'introduction par les citations qui suivent ; je les « assume » mais je ne prétends pas en être l'auteur ou l'agent libre – aussi surréaliste et fantaisiste qu'il s'affirme être.

 

A « Je ne pense pas que les disciplines orientales constituent le dernier mot d'une sacro-sainte et immémoriale sagesse au point que le monde entier doive venir se prosterner aux pieds de leurs maîtres. Je ne crois pas non plus qu'on puisse faire un évangile selon Freud ou selon Jung, où les grandes vérités psychologiques seraient à jamais établies. Le but de ce livre n'est pas de prononcer le dernier mot en la matière, mais de susciter la réflexion et l'expérience. » Introduction p ii

§ Il est admis que l'expérience peut être aussi trompeuse que la croyance : non seulement le plus beau discours sur l'eau ne désaltère pas mais il est susceptible de renforcer la soif éprouvée (ordinairement appelée « espérance ») et si prendre une corde pour un serpent relève de l'illusion et dénote un total manque « d'objectivité », la peur éprouvée est bel et bien « expérimentée », psychologiquement éprouvée, sans compter qu'elle peut conduire à des faits bien réels ceux-là, tel que faire un mouvement de frayeur, se buter contre une pierre est se casser une jambe – cassure occasionnant une réelle douleur aussi importante que l'illusoire frayeur initiale.

Et ça, ce n'est pas de la poésie pour adolescent ou de la rhétorique pour s'occuper au fumoir ; il suffit de regarder la « corde » du terrorisme pour découvrir les effets que la peur du serpent occasionne en termes de femmes et enfants massacrés.

§§ La fameuse « occidentalisation » des sagesses et disciplines orientales réside dans le fait (bien réel) de croire qu'elles puisse apporter un « dernier mot » en un quelconque domaine. Entre les « sagesses » d'Orient et les « sciences » occidentales du psychisme, le match fera toujours ex æquo quand l'usage qu'on en fait est plus nocif qu'utile. Sur ce plan, en discuter au zinc à l'heure de l'apéro ou au salon entre cigares et cocktails en devient préférable.

 

B « L'initié est celui qui sait que certaines institutions sociales se trouvent en contradiction interne ou en conflit réel avec la structure naturelle. Mais il sait aussi que ces institutions sont investies des émotions les plus puissantes. Elles sont les règles de communication par lesquelles les hommes se comprennent les uns les autres. » p 49

§ La propagande, la « liberté d'expression » aussi bien que le vulgaire « bourrage de crane » sont de l'ordre de la Communication & de l'émotion… et chacun sait combien il est plus facile de manipuler quelqu'un et/ou quelques-uns sous l'emprise de leurs émotions que de tenter de les convaincre, de façon réfléchie, de modifier leurs convictions, leurs attitudes et comportements. La dispute, même si elle dégénère en querelle de jugements de valeurs (subjectives) n'explosent, au pire, qu'en une sévère « gueule de bois » et non en « gueules cassés » lorsque les arguments sont d'acier et les illuminations d'incendies meurtriers & criminels. (Napalm, phosphore et autres prodiges technologiques, en option exclusivement!)

 

C « Si maintenant la maya ou irréalité réside non pas dans le monde physique ; mais dans les concepts et les formes de pensée qui le décrivent, il est clair que la maya se réfère aux institutions sociales ― au langage, à la logique et leurs constructions ― et à la façon dont elles modifient notre sentiment du monde. » p 45

§ La psychologie est justement apparue comme un chaînon manquant entre philosophie naturelle et philosophie sociale. Donc, leurs dysfonctionnements respectifs, le besoin de corriger ceux ci et de « soigner » les conséquences qui tournent mal (en ce qu'elles sont douloureuses ou gênantes, pour se sentir à l'aise ou pour agir).

 

D « Transcendant à la pensée, l'Absolu est toutefois immanent dans l'expérience. » Cf. Wittgenstein : « Le mysticisme ne considère pas ce qu'est le monde, mais le fait qu'il soit… Il y a en effet l'inexprimable. Cela se montre de soi-même ; c'est le mystique. » note de la p 45

§ Détail sans importance pour le moment : cette transcendance/immanence expérientiellement constatée/mysticisme/mystique correspondront à ce que j'appelle « le spirituel », lequel mène au seuil de « mon1 » Apophatique générale.

§§ Au cours de l'ouvrage, Alan Watts va se servir du terme « champ », ce qui est déjà sortir des recommandations cartésiennes de diviser et de commencer par le plus simple.

(...diviser chacune des difficultés… commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître… )

§§§ On peut noter, provisoirement, qu'aux yeux du mystique, du poète ou du promeneur la beauté d'un paysage est un tout et non pas le total d'un petit cours d'eau+des arbres+de bons contrastes entre la luminosité et les zones d'ombre, etc. C'est quelque chose de global. Cette constatation esthétique se retrouve aussi dans la logique chinoise d'inclusion prioritaire à la division. Ainsi que dans la religion, sous la forme d'une hiérarchie. Dans ma vie personnelle, je veux bien croire qu'il me faut accéder au royaume des dieux, mais en pratique, mon Mont Meru à moi c'est la grande côte que je dois franchir pour sortir du village, et mon Vayu à moi c'est quand le vent souffle de norois ! Ces jours là, je me sens devenu comme un grand ascète.

A suivre, plus sérieusement, une prochaine fois…

J'allais l'oublier : pour Alan Watts la Connaissance acceptée des contraintes naturelles ou sociales ou de l'antinomie vindicative & sournoise2 nature et société est un pas, éventuellement un saut, dans le Bonheur et sa Liberté. Une danse érotique avec les éléments très divers du Cosmos.

1Les guillemets s'imposent en ce que je n'invente strictement rien. Seul (peut-être), l'usage que j'en fais en un XXI°siècle bien entamé est (peut-être) « mien ». Mien, au moins, en ce que je le pense.

2Je suis surpris du nombre de catastrophes dites « naturelles », qui, en fait, proviennent ou sont considérablement amplifiées en raison de dysfonctionnement sociétaux. (Précision : une TROP grande puissance de la pègre est à mes yeux un dysfonctionnement sociétal.)

16 février 2015

Psy Or Occ 02

En philosophie & sciences (dites) humaines et/ou (dites) Sciences Humaines, il en va un peu comme pour les Écoles de Guerre : il s'y enseigne trop souvent le connu d'un passé/dépassé et rarement un connu, utilisable en actes, qui soit actuel.

En sorte qu'en 1914, la plupart des armées européennes étaient fin prêtes pour la guerre de 1870 ; et, qu'en 1939, elles l'étaient pour 14-18, que la cavalerie polonaise chargea vaillamment les panzers allemands et qu'une quarantaine d’élèves de Saint Cyr crurent bon l'épée à la main de s'opposer à l'envahisseur.

De mauvais esprits ne manqueront pas de remarquer que le meilleur allié du débarquement de Normandie furent cette espèce de schizoïdie régressive de Hitler et sa confiance en la valeur militaire de l'imprenabilité de sa « Ligne Maginot de l'Atlantique ». (Le visiteur voudra bien me pardonner d'insister : le « mur » de l'Atlantique ne fut pas plus « pris » que celui de Maginot… c'est simplement que son utilité militaire était quasi nulle. Et, ainsi en va-t-il de nombre de sciences humaines, semble-t-il. Ce n'est pas tant qu'elles soient fausses, c'est qu'elles sont trop souvent inutiles, voire nuisibles. Dans le même ordre d'idées des rapports de toute science, éthique et utilité dans la poursuite du Bonheur un savant eut l'occasion de déclarer : « Hiroshima & Nagasaki une horreur ; mais quelle belle équation mathématique pour y parvenir ! »)

Psy Or Occ fut publié en 1961 aux États-Unis, soutenu notamment par des recherches datant de 1930. La discussion sur les ressemblances et les rapports du psychologique et du religieux n'est toujours pas close, ni dépassée. Elle s'est peut-être même compliquée de la mise à l'écart de certaines idées, telles la synergie autant animale que divine qui habite « L’Âme humaine ». Mais, il existe une psychologie et une sociologie religieuses, tout comme un « écologisme » étudiant ou militant la nature du dehors, sans en avoir grande expérience personnelle.

Les mots clés de Psy Or Occ sont assez habituels, sinon par l'usage qui en est fait de servir une réalité que je ne suis pas encore parvenu à formuler ; quelque chose comme « La Danse spontanée de l'océanique Tao » ou comme « Dans son océanique spontanéité, la danse cosmique du Tao ».

Toute la question paraît, dans un premier temps, se réduire au choix du critère de référence entre divers concepts d'apprentissage, d'adaptation et de normalité : nature ou société ? Avec en première conséquence le choix entre un « inconscient instinctuel » et un « inconscient éducationnel ». En seconde, que des sociétés se veulent obéir à « la nature » et d'autres s'y opposer ou la conquérir. (Par « société », ce peut être une institution religieuse aussi bien que politique.)

Ensuite, la conscience d'un « ego », qui pourrait être normal ou pathologie, sur lequel une action puisse « causer » la maladie ou la santé. Et, tous les ennuis commencent. Ne sachant ce qu'est un « ego », ni la nature exacte de « l'esprit psychologique », et si les hommes sont des systèmes d'action et non des agents, et si l'individu et le monde agissent l'un avec l'autre, l'un sur l'autre, de sorte qu'aucun d'eux n'est à l'origine de l'action, le problème est de savoir qui doit être considéré comme responsable lorsque les choses vont mal. (p 32)

De là, divers concepts sont passés en revue, tel celui de « double contrainte », mais il me faudra commenter qu'Alan Watts l'utilise dans plusieurs acceptions, certaines qui justifient mon slogan personnel sur la « réciproque du vrai », d'autres qui excluent toute relation. (Ce qui ne peut donc être qu'erroné, une exclusion du vrai et du faux ou une réciproque du vrai et du faux. Je le dis tout de suite : ma préférence penche vers cette dernière possibilité, laquelle réintègre mon slogan puisque le faux est vrai par rapport à lui-même – et réciproquement! Nul ne persévère dans l'erreur ou ne poursuit un raisonnement erroné sans conviction d'être dans le vrai.)

Suivent ensuite diverses notions sur la pluralité des egos, le sens du jeu entre illusions, vérités relatives et Absolu, le conflit de dukkha et la contre-mesure des upayas (auxquels, je me permettrai d'adjoindre « le mensonge des dieux »), la nécessité du temps, du langage et du silence pour devenir Immortel, toute psychothérapie comme préparation à la mort, ou encore cette constatation que « Le Tao n'a rien à voir avec la discipline. Si vous dites qu'on l'atteint par la discipline, à la fin la discipline fait perdre le Tao… Mais si vous dites qu'il n'y a pas de discipline, cela revient à vous conduire comme les hommes ordinaires (non libérés) » (p 119)

La normalité « mentale », la guérison « psychologique », peut-être même le simple désir d'adaptation sociale, ne sont qu'une intégration au Samsara et ses illusions addictives.

Au demeurant, se croire ou se vouloir « normal » est un symptôme psychiatrique.

Il se pourrait que je doive aussi me demander si le rappel de l'Inde et de la Chine ne serait pas aussi trompeur que son « oubli », et tout aussi nuisible à la Paix avec soi-même, avec les autres et les mondes « sociétals » et « naturels ».

27 janvier 2015

Psychothérapie Orientale et Occidentale - 01

 

 

(On comprendra que mon « cas personnel singulier » m'intéresse au plus haut point, qu'en écrivant je cherche à me libérer moi-même, tout en souhaitant sincèrement aider mes visiteurs de quelques indications précises.

Par souci de clarté, il vaut mieux toutefois distinguer ce qui est de mon « cas » et ce qui est de ma libre réflexion philosophique, qui vise à renvoyer mon visiteur à lui-même et son propre cheminement.

Mes allées et contre-allées « littéraires » associant Alan Watts, Arnaud Desjardins et mézigue — au plan romanesque — seront donc désormais placés dans Le Roman du Tard. (Auquel s'ajoute le décalage du temps qu'il m'a fallu pour résoudre mes « problèmes » et entrer sérieusement « en roman », devenir romancier. Au final, si un Éditeur me prend, il importe peu car le résultat se veut, et se voulait aussi, un témoignage.

Certes, par métaphore, il m'est permis d'espérer qu'à l'instar du yin-yang chacun de mes deux blogs, dont certaines parties traitent exactement du même sujet, soit distinct de l'autre dans son approche mais solidaire et complémentaire dans ses assertions.)

(Spiritualité &) Psychothérapie Orientale et Occidentale

Introduction Générale aux Mots et expressions clefs de cet ouvrage (ses rhizomes dans l'existence même d'Alan Watts, et son itinéraire – à lui – également !)

Opinion toute personnelle : Les Lumières (& déesse Raison) me paraissent souvent (mais pas toujours) tenir plus d'abats-jour que d'un éclairage sur l'ensemble de notre réalité existentielle.

Une chose me paraît sûre : nous assistons à un appauvrissement généralisé, parfois à un véritable détournement du sens des mots, depuis l'apparition d'un humanisme & anthropocentrisme impérial, dominateur et arbitraire, aux interventions prétendument « civilisatrices ».

L'apport de l'Extrême-Orient, dans le dernier tiers du XX° Siècle, semble devoir se révéler comme rétablissement, ou élargissement, du sens des mots comme du « Sens de l'existence ». Et peut-être un rappel que notre planète comporte aussi les pôles nord et sud tout comme d'autres continents que « l'Eurasie ».

Les spécialistes comme les érudits y répugnent ; pourtant, transitoirement pour le moins, l'utilisation de mots et concepts composés deviennent de plus en plus avantageux pour leurs compréhension.

« Bonheur-Liberté » pour désigner l’Éveil-Libération (cf. S-C Kolm), «Cœur-Esprit » pour désigner l'instance cognitive ouvrant la Voie de ce « Bonheur-Liberté » (cf. D-T Suzuki, qui avouait en note de son ouvrage magistral qu'il optait pour l'emploi de « esprit » plutôt que « cœur » par crainte de ne plus être compris du tout par le public occidental1.

J'énumérerai d'abord des mots clefs de l'ouvrage par leur ordre d'écriture ; dans un second temps, j'en ferai de libres variations.

Je puis noter sans attendre que le principal mot clef du chapitre Un pourrait être : connaissance-action, i.e. que la connaissance de soi ne présente d'intérêt qu'à proportion de la nouvelle liberté d'action qu'elle permet. (Subsidiairement, une meilleure « aise » dans la perception & représentation de soi-même que notre éducation & la société nous ont données/imposées.)

Psychothérapie orientale et occidentale est une tentative pour jeter une passerelle entre la Philosophie Pérenne et la science véritablement moderne (débarrassée des réductions scientistes, et de ses préjugés agressivement athée et/ou anti-théiste, voire anti-déiste, en dépit des cultes à la déesse Raison et/ou Être suprême qui s'instaurèrent après la Révolution Française.)

L'Oracle de Delphes nous disait : Connais toi toi-même, et tu connaîtras l'univers et les dieux !

L'aphorisme de la science qui a commencé son règne dans la seconde partie du XX° siècle, nous propose : « Connais l'univers et les dieux, et tu te connaîtras toi-même ». (cf. Psycho p 84)

 

1Ou plus que composé : Anne Cheng, traduit Ziran, ordinairement traduit pas « spontanéité », par « de soi-même ainsi ». Je suis heureux de constater utilise ce « ziran » au sens indiqué par Anne Cheng (une véritable idole pour les sinophiles amateurs tel que moi !) Cette spontanéité n'a bien sûr rien à voir avec l'impulsivité ou la franchise.   

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21 janvier 2015

GAP 04 (et dernier)

 Mon premier billet consistera en l'énumération de quelques mots clefs de Psychothérapie orientale et occidentale.

Mon principal instrument d'exploration sera ensuite l'assertion déjà produite : Samsara est Nirvana, mais Nirvana n'est PAS samsara… appliquée à la psy et à la spi :

la psychologie est spirituelle mais la spiritualité ne se réduit PAS à la psychologie, ni d'ailleurs à la physiologie, pas plus qu'à la relation à leur environnement social et naturel.

 

L'actualité française & européenne – et sa pléthore de dérives, contresens, dérapages, voire mensonges – ma dissuade de terminer ces « en Guise d'Avant-Propos » par le rappel de la « dévitalisation » dont les termes russe & slave de Pravda (Vérité) et chinois de Renmin (Peuple) ont fait l'objet. Chacun sait que la Pravda est l'organe du Parti Communiste Russe et le Renmin Ribao (Quotidien du Peuple) du Parti Communiste Chinois. Je me proposais, contradictoirement, de noter que Poutine et XI Jinping rétablissent un principe d'unité dans leurs peuples respectifs, avec en exergue le fait que le Président des États-Unis, au final, ne peut appliquer la politique pour laquelle il a été élu qu'à partir du moment où il ne peut plus être réélu !

Jouant sur diverses associations d'idées, passant par l'opposition entre l'identification au sens de Freud (quasi en synonymie avec valorisation du Moi) et son acception dans les enseignements Gurdjieff & Oupensky (en quasi synonymie avec rétrécissement de la conscience de soi et sa chosification & aliénation dans une situation donnée ou un événement indépendant de sa volonté et de toute possibilité d'action et/ou modification), je pensais pouvoir dégager la communauté et la différence entre Alan Watts et Arnaud Desjardins. L'un divulguant des perspectives métaphysiques interdites, l'autre proposant de tenter d'en faire directement l'expérience.

Cédant à mon habituel plaisir de formules à l'emporte pièce, je me proposais de dire que le Rappel est similaire à celui d'un maître chien, contraint de le rappeler à lui quand il se laisse emporter par une « identification » à tel gibier ou telle personne appétissante sans avoir reçu l'ordre d'attaque. (Sans doute, aurais-je également cédé à mon goût de l'anecdote en racontant comment j'ai sauvé un cycliste en hurlant « Accélérez ! N. de … ! » ; ce qu'il fit en voyant la gueule de mon chien lui sauter au visage. Mon chien le manqua de quelques centimètres et alla s'écrouler dans un faussé. Ce qui me laissa le temps de le rejoindre et de le « rappeler à moi ». Et précisé ce point : ce chien, autrement d'une douceur extrême, entrait en fureur à la seule vue d'un deux roues. J'attribue ce trait au fait qu'un conducteur de moto-cross ne lui évita d'être tué, lorsqu'il était chiot, qu'en l'écartant de sa botte. Mais, un botte de motard, même roulant à petite vitesse…. Ça doit faire mal ! De quoi en être traumatisé pour le reste de sa vie. « Identification » gurdjievienne de chien (!), si je puis me permettre...

Mais, au long de mes Variations wattsiennes, ces questions linguistiques resurgiront.

Pour couper court, je renvoie à cette citation de Porphyre de Tyr : «l'homme qui s'ignore lui-même ne saurait rendre au Dieu des hommages convenables ni en obtenir ce qu'il implore.»

Un aspect très pragmatique de l'Oracle de Delphes…

 

 

19 décembre 2014

GAP 03

 

 L’Éveil de la Sagesse, dans sa propre petite personne issu de l'ego et du vécu de sa relation au monde (tant naturel que social), est un Éveil à la transparence1 du dedans et du dehors.

(Je parle ici du point de vue de mes explications par rapport à mon roman, qui est une continuité de mes variations wattsiennes par d'autres moyens… et non du langage comme outil de tromperie aussi bien que de connaissance, en opposition à l'expérience naturelle du contact moi & non-moi.)

De la spiritualité par rapport à l'esprit – supposé constituer son objet d'étude, le même malentendu semble s'être propagé que celui concernant celui du yoga par rapport au corps, – supposé circonscrire son objet d'étude. Mis à part que cette étude est surtout une pratique, le quiproquo est également le même que celui que l'on peut relever au sujet des Valeurs féminines, de l'idée d'incarnation ou de celle d'écologie ou de celle de religion, de sacralité, de liberté, de sagesse, de bonheur, et de tous ces termes si fréquemment utilisés quand il est question du "sens de la vie". L'écart entre le mot et la chose y est si grand que le mieux est encore d'affirmer que "ça n'a rien à voir". Le malentendu comme le quiproquo tiennent avant tout en ce que le dedans est pris comme représentation du dehors et que le dehors n'est donc jamais vu dans son extériorité ; de même, en vis-à-vis, le dehors est pris comme le dedans et le dedans réel jamais aperçu.

L'ego se sent personnellement agressé par un mal de pieds et non comme le constat d'un phénomène extérieur à lui-même d'un mauvais fonctionnement de la relation pieds, chaussures et difficultés de la chaussée.

Identifié à son mal de pieds, l'ego en oublie la part de lui-même déjà en contact avec l'être, « pour qui » les pieds sont externes à son « expérience intérieure » ou au contraire une donnée de sa propre réalité…. Par exemple, la beauté du site que ce même mal de pieds lui a permis de traverser. Après tout, toute chose a un coût.

&

La personnalité de notre ego résulte plus de son éducation et de son environnement social que de son vouloir.

Le corps « physiologique » ne peut se nourrir et se caractériser que de l'alimentation disponible dans son environnement géographique. La mondialisation du « manger italien » et du « manger chinois » n'apporte qu'une modification partielle.

Ce ne sont là que lieux communs.

Que le plus beau commentaire sur l'eau fraîche ne désaltère pas plus que le mot "chien" inscrit au panneau d'une grille d'entrée ne mord pas est une bien belle et bonne chose, à la réserve expresse qu'il est non moins bel et bien bon de savoir qu'il peut indiquer où se trouve la source vive et que l'on peut s'écarter de crocs menaçants. Le rappel se doit d'être double. C'est son utilité.

Certes, le mot n'est pas la chose ; mais il n'implique pas l'inexistence de celle-ci.

Sous cet angle, on pourrait (peut-être) dire que la philosophie commence par l'apprentissage de la distinction entre les mots qui ne désignent que du vent (la « langue de bois » des politiques, par exemple), les mots qui désignent quelque chose de façon correcte mais inexacte parce que insuffisante (un couteau coupe), les mots chargés d'un jugement de valeurs (les piqûres, « ça fait mal »), les mots où les jugements de valeurs l'emporte sur l'exactitude (mon pays est le plus beau du monde).

Je ne veux pas faire là de la linguistique mais simplement rappeler que les mots ne servent pas uniquement l'utilité (passez moi le sel).

Comment parvenir à une « transparence » de son existence à partir de telles bases ?

Comment « expliquer » une vie ?

Comment « raconter » le développement d'un sens dans sa vie, ma propre vie «de moi»… avant qu'elle soit « à moi » ou libérée de tout sens du « moi » ?

Mes variations2 de/sur la philosophie d'Alan Watts se veulent œuvre de démystification mais non pas du tout de démolition, œuvre de divulgation mais en rien de vulgarisation.

1Pour reprendre l'expression de Lanza del Vasto

2L'individu est le divin. Thème imprécis et orgueilleux sur lequel on pourra composer de multiples variations poétiques (MassisJugements, 1924, p. 141). cf. l'ensemble A de la présentation lexicale du CNRTL

29 novembre 2014

GAP 02

En Guise d'Avant Propos 02

Sans rien déflorer encore du roman pour aujourd'hui, je voudrais placer ce billet un peu en amont du thème des rapports entre Alan Watts, Arnaud Desjardins et mon propre parcours.

Métaphysiquement, ils ont en commun(1) de s'appuyer sur une continuité de l'immanence et de la transcendance panenthéiste. (=> le « divin » est en tout, contient tout, mais est aussi quelque chose de plus grand que la transparence spirituelle du dedans et du dehors. Je rappelle que Watts disait que le Tao est un « dieu impersonnel ».)

Personnellement, le terme d'ésotérisme et celui de comparatisme (cf. Etiemble) me sont familiers. Je les utilise donc. Mais, chacun peut traduire en mots plus académiques : les plus approchants se nomment transversalité, avec sa cohorte de pluridisciplinarité, transdisciplinarité, polydisciplinarité ; au plan du discours (ou de la fabulation romanesque), toutes les questions de méta-textes et de transtextualité. Car – et là, je suis pédant, ces billets de GAP (en guise d'avant-propos) seront donc des reflets de l'intertextualité de deux méta-textes, de leur transtextualité, de leurs référents existentiels et occasionnellement de leurs divers dialogues, qui ne sauraient éluder la transversalité des contenus quant à leurs incidences sur la vie quotidienne.

Il importe de se rappeler sans cesse – et ici, je suis humble, que je suis le seul à pouvoir emprunter la Voie de l’Éveil (la conscience d’Être Éveillé), ou toute autre entité cachée par son étiquette. Sinon, pourquoi s'intéresser à des auteurs tels que Watts et Desjardins (et leurs inspirateurs et maîtres immédiats) ?

Il ne saurait en être autrement pour le cheminement qui est le vôtre.

&

C'est à chacun de donner sens à sa vie ; sens comme direction, sens comme signification, ouvert sur un champ de rapports de signes, de symboles et de mythes, sens comme sensation,  « la transversalité noétique qui affirme symboliquement le jeu de l’imaginaire sacral face au mystère de l’être-au-monde, principalement selon trois modes d’être : le mode apollinien (sérénité, sagesse), le mode dionysiaque (transe mystique) et le mode franciscain (de l’amour oblatif) ». (René Barbier... ou, si ce n'est à lui que je prends cette excellente définition, c'est à l'un ou l'autre de ses collaborateurs, ou de ses étudiants. cf. http://www.barbier-rd.nom.fr/... voici une trentaine d'année, je ne connaissais strictement rien de ses activités à Paris VIII ; autrement, je crois bien que je serais retourné à la fac et entrepris sous un nouvel angle un nouvel apprentissage de la ville. Façon française, il est assez « Alan Watts » et a enseigné sur et/ou à partir de Khrisnamurti.)

&

Peut-être n'est-ce plus absolument vrai, qu'il vaille mieux pour se faire entendre, écrire un mauvais roman de gare qu'un honnête essai, un bon ouvrage documentaire ou un livre de reportage – je l'espère, un peu. La poésie, n'en parlons pas. Je souhaite avoir « tout faux ».

Vrai ou faux, j'avais cru bien faire en décidant d'écrire quelque chose qui tienne des quatre genres. Je m'en félicite, d'un point de vue de strict procédé littéraire. (Tout roman procède dans des proportions diverses de ces genres littéraires.) Je n'avais pas prévu qu'à être foncièrement autobiographique et sincère quant aux faits et à leurs mécanisme, j'entreprenais ainsi une auto-analyse beaucoup plus profonde que je ne l'eus voulu. Je n'avais pas prévu qu'à évoquer des problèmes du passé, je réactualisais ceux qui n'avaient pas été dé-passés. Il m'a fallu les résoudre maintenant. Ma vitesse d'écriture en a été freinée, d'une façon assez incroyable parfois.

Mais, je puis escompter sur les effets bénéfiques de ce temps consacré à résoudre des nœuds psychologiques laissés de côté, et aussi ma formation d'écrivain. Loin d'être perdu, ce temps pourrait se révéler un gain en efficacité dans un proche avenir.

Ce roman prépare (et me prépare) bien (à) mes futures Variations wattsiennes, à partir de sa première étape centré sur Psychothérapie Orientale et Occidentale...

&

D'autre part, à l'ouverture de son premier ashram, Arnaud Desjardins était généralement taxé de psychologisme saupoudré d'une « métaphysique du cours du soir », indigne du plus élémentaire des yogas..

Je puis attesté que c'est grâce à Desjardins que j'ai pu sortir d'une Psychologie Occidentale pour être amené à « l'Oriental ». Et ce, dans l'exacte différence entre l'une et l'autre qu'établit Watts, ainsi que ses passerelles. Desjardins m'a permis de passer du « psy » au « spi » tel que Watts en a traité les divers aspects tout au long de son œuvre. (idem, pour la question de l’œcuménie, de l'ésotérique et de l'écologie... ou cette transversalité noétique mentionnée plus haut.

 

 

 

1Mettre dans le même panier Watts, Desjardins et moi n'a aucune raison d'être perçu comme d'une insupportable outrecuidance. Toute fausse humilité est un moyen de se défiler et de manquer à soi-même, quel que soit le niveau de ce « soi » ; et de ses prétendues qualifications et disqualifications à l'Esprit.   

14 novembre 2014

GAP 01

En guise d'avant propos

 

« Là, Mon Cher Pierre, me suis-je dit, si tu tentes le coup d'un nouvel Intermède, tu vas perdre le peu de visiteurs que tu as. »

Pour simple information, je m'adresse à moi-même en tant que « Mon Cher » tout simplement parce-que j'ai fini par apprendre les vertus de l'amour de soi ; qu'il est difficile d'être en paix avec les autres sans l'être d'abord avec soi-même. Pour le dialogue, de « moi » et de « Mon Cher Pierre », le visiteur voudra bien me pardonner cette implicite prétention d'être une sorte de demi Sage, le parlement intérieur (A. David-Neel), ou les criailleries de la foule en moi (J-P Sartre), s'étant unifiés en moi.... je ne serais plus que deux... donc une moitié de Sagesse... où ne résiderait plus tel un redoutable questionnement du Sphinx, l'interrogation : Qui est le vrai Moi, de « Mon Cher Pierre » ou de cette part de moi qui en a conscience?

Il va de soi que c'est façon de parler. D'autres « personnages » et identifications fallacieuses subsistent encore en moi ; il est seulement vrai qu'au sein de mon parlement intérieur « Pierre » et la conscience de me prendre pour « Pierre » sont à l'image de deux principaux partis de mon « hémicycle intérieur ». Tant qu'à poursuivre l'analogie jusqu'au bout, il me faudrait avouer que je ne sais lequel de ces deux parts de Moi est au gouvernement de mon existence et lequel est dans l'opposition.

(Je rappelle qu'Alan Watts exigeait de ses étudiants, à l'Institut des Études Asiatiques, d'avoir parfaitement compris dans ses arcanes Les Enseignements secrets des bouddhistes tibétains, la vue pénétrante, 1951. Et, à mon avis, lorsque ceux-ci sont compris parfaitement, tout le bazar de l'ésotérisme de salon devient d'une simplicité telle qu'il ne nécessite pas un « bagage culturel » supérieur au niveau de celui qui permet de lire Tintin au Tibet avec plaisir. Par contre, il permet de jouer avec la vacuité sans avoir à s'inquiéter de ce qui part du moyeu central vers la jante ou de ce qui constitue le mouvement de nos existences mais trouve son essence dans le vide central de ses identités. Ce vide de l'identité centrale à quelque chose d'effrayant pour certains ; personnellement ce serait plus l'endroit où mène le roulement de la jante - tout aussi vide de « Moi-je » que son moyeu - qui me donne grand souci.)

Dans mon roman prétendu initiatique, sous des dehors hyper réalistes, j'utilise un truc : la narratrice est une journaliste. A ce titre, il est de son devoir professionnel d'informer, mais en allant au plus court. Une journaliste n'est pas supposé fournir de cours de philo, de psycho, d'art de vivre ou, que sais-je ? d’œnologie, tenez !

Dans ce blog, ici, par définition notes de brouillon, il me faut être un peu plus disert.

En troisième lieu, certaines choses peuvent se dire dans mon roman que je ne puis me permettre dans le cadre de mes billets.

En voici un exemple type : C'est lors d'une fugue dans une abbaye bénédictine que mon héros, prénommé Gérardin, va pour la première fois de son existence rencontrer l'idéogramme Tao   , qu'ensuite renvoyé de la pension d'où il avait fugué, il retourne à Paris , tout le temps d'une année scolaire, il va bénéficier d'un mentor de 43 ans, un chinois du Cambodge, lequel pour lui expliquer le fin mot du Bouddhisme chinois l’emmena voir le film Docteur Jerry et Mister Love (1963), après l'avoir invité à déjeuner à la cantine des étudiants cambodgien. Et, qu'ainsi, pour tout dire, j'ai découvert la gastronomie asiatique, une manière de vivre, l'Orient et les religions extrême-orientales deux ans avant qu'Alan Watts ne viennent y jeter un éclairage de dialogue inter-culturel que rien n'interdit de dire contre-culturel.

J'ai donc décidé de rédiger, ici, des notes d'une approche de loin de mon sujet, en traitant à la fois de mon roman, d'Alan Watts et de moi. Occasionnellement, en citant un « digest » de tel ou tel chapitre. Je suppose, spécimen type, qu'il peut intéresser mes visiteurs habituels d'apprendre comment & pourquoi la mort d'Alan Watts représenta pour moi une terrifiante tragédie et que ce n'est pas seulement le plaisir de le lire qui a fait un disciple de sa philosophie et de ses approches. Je le suis devenu pour sauver ma peau ! Voilà la chose dite, jamais encore avouée.

Tout en y venant, il peut être utilement distrayant.que je raconte la part autobiographique de mon roman et les paradoxes de mon héros, dans ses rapports au sujet de ce blog sur la Philosophie d'Alan Watts. D'un autre côté, à vérifier ici l'infrastructure philosophique des récits contenu dans le roman, je pourrai peut-être en améliorer la clarté et la solidité.

Je ne sais ce qu'en penseront les éditeurs et les lecteurs, mais, pour ma part, je pense avoir écrit un roman initiatique. D'une manière générale, on pourrait faire la même remarque pour tout autodidaxie en n'importe quel domaine. (Un Le Corbusier par exemple, qui n'a jamais obtenu un diplôme d'architecte en bonne et due forme !1 )

L'avantage du roman sur l'essai est l'inutilité de prétendre en rendre raison. On présente des faits, on met en scène des dialogues ou des discussions de groupe sans avoir à se préoccuper de vouloir imposer un point de vue plutôt qu'un autre, ni préjuger du sens du mot, du corps de phrase ou de la réaction de tel personnage qui fera « tilt » chez le lecteur. Comme le disait Julien Cracq dans son « En lisant, en écrivant », chaque lecteur ré écrit le roman selon son vouloir2.

Ce qui m'autorise à faire allusion à mon roman initiatique provient de ce qu'il est aussi tout à fait historique, que la narratrice est une journaliste d'investigation. Ce léger mélange des genres m'a permis d'achever l'auto-analyse de certains problèmes psychologiques qui demeuraient en suspens, oubliés ou carrément déniés dans un coin de ma mémoire.

J'espère aussi intéresser mes visiteurs, qu'en attendant d'entrer enfin dans le vif du sujet (sur Psy-Spi), je m'en approche de loin à la manière de la logique chinoise d'aborder un problème par son extérieur pour mieux le cerner. Un « par l'extérieur » de traitement, mais qui ne relève pas obligatoirement de la dualité sujet-objet. Ce pourtour d'encerclement du cœur du sujet peut être lui-même tout aussi « intérieur » pour l'expérience vécue.

1 J'ai d'ailleurs séjourné une petite semaine dans son Couvent de la Tourette, avant sa restauration. Et, effectivement, ça ressemble plus à une distribution d'espaces, de masses et de lumières qu'à une œuvre architecturale. A certains moments, j'avais l'impression d'être roi d'infini et à d'autres d'être ramené à ma dimension de petit homme. Ce contraste m'avait vivement marqué : comment peut-on quasi simultanément se sentir ouvert sur l'infini, ou ébloui par la beauté, et ramené à sa petit dimension comme en une prison ! J'avais supposé que cela provenait du Beaujolais, disponible librement au robinet du réfectoire. Je m'étais même senti comme pris en faute, lorsqu'une après-midi j'étais descendu au village prendre un ballon de rouge, juste pour comparer. Le Père Hôtelier m'ayant surpris. Du coup, je n'étais plus sorti de l'enceinte des bâtiments conventuels. Du coup, j'ai passé une partie de mon temps à discuter avec le bibliothécaire, dont je rapporte l'un des entretiens dans mon roman, car je lui avais posé LA question à Mille Francs, en lui demandant : « Dites, mon Père, excusez-moi, mais avec tout le respect que je vous dois, vous ne comptez tout de même pas que je lise tous ces livres avant de me faire une opinion sur la religion et les possibilités d’œcuménisme ? » La bibliothèque du couvent comporte au moins cent milles volumes, et - à l'époque en tout cas, était situé dans une sorte de vaste hangar. Rien qu'à regarder vers le haut d'une étagère, on en éprouvait du vertige !

Et, j'ai donc ajouté : « Si je ne pouvais en lire qu'un ou deux, lesquels me conseilleriez-vous ? »

Il me proposa de lui acheter, à bas prix deux ouvrages qu'il avait en plusieurs exemplaires : l'un d'un certain Ratzinger - La foi chrétienne hier et aujourd'hui, 1969, l'autre un ouvrage collectif axé sur la pensée de Paul Ricœur. Sinon qu'il oblige de se soumettre à la rigueur de l'exposé, celui de Ratzinger (Sa – future – Sainteté Benoit XVI) ne présente aucune difficulté. Celui s'appuyant sur la pensée de Paul Ricœur ne me rebuta pas quant au style. Mais, les articles étaient complexes et je n'ai surtout retenu que cette idée première, que les fondamentalistes de tous bords feraient bien d'étudier : les textes sacrés ne doivent pas toujours être pris au pied de la lettre ; ils requièrent impérativement une interprétation, une herméneutique. Croire que tel ou tel grand prophète parvint à Jérusalem en telle ou telle année ne saurait nuire à personne, mais croire que « les murs de Jérusalem » en furent ébranlés ne saurait signifier qu'il s'empara d'un marteau ou d'une barre à mine pour le démolir au même sens littéral où les allemands entreprirent littéralement de supprimer le mur de Berlin fin 1989. Entreprise dont ils ne seraient d'ailleurs pas parvenu à bout et aussi vite (un an pour le mur en centre ville, deux ans pour l'ensemble de ce mur dit « de la honte ») sans l'intervention de diverses machines très puissantes. Comme aucun prophète n'entreprit de démolir les murs eux-mêmes, que le texte n'est pas à prendre dans son sens littéral, que signifie « ébranler les murs de Jérusalem » ?

 

2 Information anecdotique : j'ai eu l'occasion de le rencontrer dans les couloirs du Lycée Claude Bernard, où il nous fit cette déclaration qui n'encourt pas le risque de devenir célèbre « Faites les imbéciles autant que vous voulez, mais je vous précise que le Censeur va passer par ici d'une minute à l'autre ». (Nous étions en train de chahuter dans un endroit interdit.) Il disait vrai : une trentaine de secondes ensuite, nous entendîmes le pas caractéristique du Censeur et il nous fallut bien prendre nos jambes à nos cous, le plus silencieusement possible, pour lui échapper. Là non plus l'anecdote, pour amusante qu'elle soit, n'a aucun rapport avec la philosophie d'Alan Watts. Pas plus, du reste, que la publicité réciproque que se firent François Mitterand et Julien Cracq à l'occasion de la parution de En lisant, en écrivant. (Une excellente photo de Paris-Match montre Mitterand en avion, lors de la campagne électorale pour sa première élection, lisant ostensiblement Julien Cracq, le titre parfaitement visible.)

15 octobre 2014

Un Intermède supplémentaire 3/3

images AD 3

(Roman qui s'achève et essai en projet)

 

Ce qui se dit souvent du Chan/Zen « une transmission en-dehors des écritures » pourrait se dire de toute philosophie populaire (en tout cas de la mienne), en précisant comme pour le Chan/Zen que la chose écrite, ni le langage en général, ne sont pas inutile; seulement qu'ils ne permettent pas à eux-seuls de devenir le récipiendaire d'une tradition vivante et authentique (laquelle a pour critère d'authenticité d'être une ouverture à la quintessence de La Tradition toute entière, possibilité appelé ésotérisme).

A le dire en plus court, mais approximatif : la transmission est orale (éventuellement sans mot, un cri pouvant faire l'affaire), question de présence. De « cœur à cœur » dit-on aussi pour le Chan/Zen.

Je me préparais à rejoindre Alan Watts (j'en étais à calculer si j'avais suffisamment d'argent pour séjourner en Californie – c'est dire !), lorsque j'appris sa mort. Fâcheux contretemps !

Mais, je connaissais un autre porte-parole des sagesses orientales – Arnaud Desjardins. Le cours de ma propre existence indiqua rapidement qu'il convenait que je me tourne vers lui.

Les habitués de ce blog savent que je me répète souvent. Il y a certaines formules que je redis en toute occasion depuis plus de vingt ans, dont celle-ci : Le méthode cartésianiste1 consiste à se pencher par la lucarne de sa chambre se regarder passer dans la rue.

On pourrait dire de la méthode d'Arnaud Desjardins (comme de toutes les méthodes non-dualistes) qu'elle consiste au contraire à regarder à l'intérieur de sa chambre, les pieds solidement plantés au dehors. La démarche illustre Héraclite :

Il y a pour les éveillés un monde unique et commun, mais chacun des endormis se détourne dans un monde particulier. (Héraclite, 89)

Voilà pour l'aspect «renseignement philosophique »

Venons-en à l'aspect « initiation philosophique », qui servira de conclusion (provisoire) : une « initiation » est une « sensation » qui se fait dans un contact inter-personnel direct. Elle peut s'achever dans une cérémonie solennelle mais passe d'abord par tout un tas informe de contingences, d'impondérables, d'indispositions, contretemps, trébuchements et trivialités diverses dont la philosophie académique ne rend jamais compte. A cet égard, une philosophie authentique et authentiquement populaire, ne peut que paraphraser Clausewitz et proclamer que

« le roman est la poursuite de la philosophie par d'autres moyens. ».

(Inversement, il y a quelque chose de romanesque dans le fait que mes rapports à la mère furent similaires à ceux du jeune Alan Watts à la sienne. Pour le moment, je me contenterai de dire qu'il y a ainsi quelque chose de plus « viscéral » qu'une simple adhésion intellectuelle entre moi et lui.)

 

 

1Je rappelle que j'utilise ce terme pour distinguer le cartésianisme de l'authentique philosophie cartésienne, beaucoup moins cartésianiste qu'on ne le dit, et parfois même franchement irrationnelle.   

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