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La Philosophie d'Alan Watts
27 juillet 2016

Spécial mauvais jour

Ces lignes sont de circonstance, et montre l’actualité de l’approche d’Alan Watts1 :

Pour les Pères de l’Église, tel Origène ou Clément d’Alexandrie, il ne peut y avoir de « Guerre juste ». La « Guerre sainte » doit être menée par la seule Parole de Dieu.

La notion de « Guerre juste » n’apparaît qu’avec Saint Augustin, qui y pose néanmoins des restrictions si sévères qu’elles la rendent presque impossible, notamment : se battre sans haine, sans volonté de pouvoir ou de gain matériel.

Alan Watts pensait que l’injonction du Christ « Aimez vos ennemis » est à prendre littéralement. Elle n’implique pas de changer de camp. Elle signifie d’aimer ses ennemis tels qu’ils sont : des ennemis. Et, la caractéristique majeure d’ennemis est de se battre entre eux, ou bien alors de se retrouver en situation d’amis.

Le refus de l’autre en tant qu’ennemi ne laisse aucune chance de le (et de ‘se’, soi-même) transformer en ami.

(Pour mettre à jour 2016 : ce n’est pas en insultant les terroristes de l’E.I. qu’il est possible de les éliminer. Pour les éliminer, il est nécessaire mais suffisant de les tuer. Par contre, les insulter – par exemple en les traitant de cinglés, est un bon moyen de diffusion de la haine.)

Le caractère impitoyable des guerres de religion, et des guerres idéologiques en général, provient précisément du refus de reconnaître l’ennemi dans sa propre adversité d’ennemi; également du refus de tuer l’ennemi (sans haine ni manipulation politicarde) comme de celui de tenter d’instaurer des conditions de Paix, d’amitié.

Avoir le courage, et le Devoir, de tuer sans haine, est également l’un des thèmes de la BH. Gîta.

Tuer en devient alors un karma-yoga...)

PS – Qui est un commentaire personnel : ces horreurs ne sont pas si nouvelles que ça. L’odieux, l’exécrable, l’ignoble, l’indigne, l’abominable, l’immonde, c’est la récupération politique de tous bords. La police, la gendarmerie, divers services officiels ou secrets font leur travail. Et puis, comme c’est bizarre, « on » sabote ou neutralise le résultat de leurs actions. Une commission, très officielle, compétente suggère quelques modalités. Son rapport, comme au temps de la 3° République, est enterré dans un tiroir !

Lors de la Guerre du Vietnam, le moine Thich lançait à ses ennemis un message de Paix et non de haine. Pas plus que de capitulation.

A mon avis, propager la haine du chien est inutile, nuisible, contre-productif. Face à un chien qui a la rage, il « suffit », sans haine ni peur, d’utiliser une bonne carabine et de viser juste.

Ce qui a d’ailleurs été fait. Mais, je ne puis m’empêcher de remarquer que la police, agissant dans l’urgence, a pu le faire correctement. C’est-à-dire avant qu’un politicard quelconque ne s’en mêle.

1cf. publié en début 1983, Alan Watts, taoïste d'Occident, Pierre Lhermite, La Table Ronde, pp 68-69.

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5 juillet 2016

Reprise Psy Or Occ - Post-Sriptum 3/3

Quand il était encore intégré dans une société traditionnelle ouverte aux forces de la nature, l'être humain se nourrissait de mythes et de symboles qui donnaient un sens à sa vie et à sa mort. Nous sommes sortis de cet univers culturel. Nous le regardons de l'extérieur par notre intelligence. Nous ne nous percevons plus comme des membres à part entière de la nature. Nous l'explorons, et nous étudions les symboles qui y puisent leurs racines, par analyse, déduction, comparaison et autres tours de force intellectuels, mais nous ne les percevons plus de manière directe, intuitive, sensitive, ainsi que le faisaient ceux qui vivaient en communions avec leur cadre de vie, suivant le rythme des saisons et des ans sans qu'il soit besoin de s'en a-percevoir1. Faisant partie du paysage,ils ne ressentaient aucune envie d'en sortir pour le contempler. La culture moderne, tableau accroché au mur du salon, nous laisse au contraire discourir à son propos et nous interdit d'y pénétrer. La religion, la poésie, la musique ne sont plus que des ornements de nos esprits; un spectacle à regarder, et pas une fête active, unifiante et porteuse de sens. (...) L'homme moderne sait par oui-dire qu'il y eut d'autres manières d'exister et d'aborder le monde. Il en fait de moins en moins l'expérience. Il va au musée examiner avec curiosité ce qui fut pour d'autres banalité quotidienne, leur simple affirmation d'être. Il s'extasie, avec une certaine condescendance – n'exagérons rien. Et, il s'empresse de se rassurer en songeant que ces pauvres peuples primitifs sont obligés de chanter en travaillant parce qu'ils n'ont pas de transistors, ou de danser pour se réjouir parce qu'ils n'ont pas de pharmacien pour leur fournir des thymoanaleptiques. « Personne n'y fait rien dans le but avoué d'orner un musée, d'être exposé dans une galerie, ou pour que les journaux en fassent la louange.2 »

La classique opposition des manuels de philosophie entre Être et Avoir se trouve ainsi tout à fait dépassée : l’homme moderne n’est même plus ce qu’il a, mais ce qu’il croit avoir. Dépossédés de nous-mêmes, nous nous dépossédons des biens matériels sur lesquels nous avions misé. Car cet avoir est du toc, qu’il s’agisse de nourriture, de vêtement, de mobilier, de « services », de connaissance ou d’expérience.

Le monde moderne nous place dans l’impossibilité d’éprouver charnellement notre présence au monde. La pseudo-consommation, tout en nous faisant saliver, nous laisse sur notre faim, nous emporte, nous étourdit, ne nous apaise pas.

Les membres de nos sociétés modernes, nous dit Watts, sans « principe d’unité » psychologique et culturel, vivent dans l’absurde.

Nous avons des schémas abstraits, des modes du paraître, et même des théories& systèmes économiques ; mais sans aucune insertion ni connexion avec les préoccupations de la vie quotidienne concrète. « Car, notre civilisation ‘matérialiste’, vraiment mal nommée, devrait cultiver l’amour de ce qui est matériel, de la terre, de l’air et de l’eau, des montagnes et des forêts, de la nourriture, de l’habitat et des vêtements... 3»

&

A l’intérieur (ou en étroite intrication avec telle ou telle des possibilités politiques allant du ‘libertaire’ aux divers régimes figurés dans « Le Meilleur des Mondes » publié en 1931 par Aldous Huxley et « 1984 », publié en 1949 par Georges Orwell ou « Un bonheur insoutenable » de 1970 par Ira Levin), l’Occidental se reconnaît aliéné et voudrait affirmer son autonomie comme faire cesser son malaise. A leurs façons, tous les autres peuples de la Terre d’origine extra-européenne, ont cette préoccupation de bonheur qui ne s’oppose pas à la liberté. Mais ce que les Occidentaux appellent « aliénation », les Orientaux la désignent du terme d’ « ignorance », suggérant ainsi que la liberté (et le bonheur) s’acquièrent plus par la connaissance que par l’action. Une édification intérieure dont les échafaudages sont temporaires et modifiables en cours d’utilisation ; dans lesquels les concepts, les images, etc. n’ont de vérité qu’utile à l’entendement et à l’action. Le champ de l’édification du Soi (ou conscience cosmique) est réel, les moyens (upaya) de son accès sont transitoires et, au total, aussi illusoires que les illusions qu’ils dénoncent ou les maux dont ils veulent nous affranchir – sans d’ailleurs chercher à délimiter clairement et définitivement ce qui relève du Bien et ce qui relève du Mal. Sans mal aux pieds, irait-on ‘consulter’ son chausseur ?

1Cf. Signification du Bonheur, p 107

2Matière à réflexion, p 159

3Matière à réflexion, p 11

5 juillet 2016

Reprise Psy Or Occ - 03, 3/3

Quelques citations pour achever de ‘circonscrire’ le point de ‘départ ’ de l'ouvrage.

« Le but de la libération est non de détruire la maya, mais de la voir pour ce qu’elle est, d’en dépasser les apparences. Un jeu ne doit pas être pris au sérieux, ou en d’autres termes, une idée du monde et de soi-même qui n’est qu’une convention et une institution sociale ne doit pas se confondre avec la réalité. Les règles de la communication ne sont pas nécessairement celles de l’univers, et l’homme n’est pas la fonction ou l’identité que la société lui impose. En effet, dès qu’un homme cesse de se confondre lui-même avec la définition que les autres donnent de lui, il devient à la fois universel et unique. Il est universel en vertu du lien indissoluble de son organisme au cosmos. Il est unique en ce qu’il est précisément cet organisme et non un quelconque stéréotype de la fonction, de la classe ou de l’identité assumée pour la nécessité de la communication sociale.

« La détresse naît d’une confusion entre cette maya sociale et la réalité…

[ Devant les dilemmes de la pensée, du sentiment ou de l’action, une solution doit être trouvée ]

« Certains la trouvent dans les psychoses et névroses qui relèvent d’un traitement psychiatrique, mais la plupart tentent de se délivrer dans ces orgies socialement permises que sont les divertissements de masse, le fanatisme religieux, l’excitation sexuelle chronique, l’alcoolisme, la guerre, et toute la suite affligeante de ces échappatoires répugnantes et barbares. » (p 7)

NOTA : La maya n’est pas une illusion perceptive du monde extérieur, pas plus que le « faux-moi » de l’ahamkar n’est une illusion de soi-même. La libération métaphysique ne détruit pas plus le monde extérieur qu’elle ne supprime l’existence de l’ego. Ce livre pivot1 dans l’œuvre d’Alan Watts est un livre de métaphysique, mettons (arbitrairement) à 90 %, et de recommandation d’un style personnel de vie à 10 %!

Petite info de rappel : Alan Watts, dès sa jeunesse en Angleterre s’était intéressé à la psychologie jungienne. Ainsi qu’à Alfred Adler (1870-1937), divers auteurs bien connus avant la Guerre 39-45. Parvenu aux USA, il s’ouvrira, puis participera activement aux « néo-thérapies ».

Il n’a jamais beaucoup apprécié Sigmund Freud.

« De fait, Freud a défini le désir de retour à la conscience océanique prénatale sous le nom de principe de nirvana, et ses successeurs ont persisté à confondre toute idée de transcendance de l’ego avec la simple perte de la puissance de « l’ego ». Cette attitude découle, peut-être, de l’impérialisme de l’Europe occidentale au XIX° siècle, où il était commode de considérer les Indiens et les Chinois comme des païens arriérés. Incultes, pour qui la colonisation représentait le seul espoir de progrès. » (p 15)

Il donne (p 15) une longue citation de Gardner Murphy (1895–1979)  : « Si en outre nous voulons sérieusement comprendre, autant qu’il est possible, la personnalité, sa constitution et sa désagrégation, nous devons comprendre le sens de ces expériences de dépersonnalisation par lesquelles la conscience de soi individuelle est aboli, et l’individu se fond en une conscience qui n’est plus en rapport direct avec le moi. De telles expériences sont décrites par l’hindouisme dans les termes d’une ultime identification de l’individu avec l’Atman, c’est-à-dire l’entité cosmique supra-individuelle qui transcende à la fois le moi et la matérialité. Certains hommes souhaitent de telles expériences, d’autres les craignent. Notre problème n’est pas de savoir si elles sont souhaitables, mais quelle lumière elles projettent sur la relativité de notre actuelle psychologie de la personnalité… Certains modes de configuration de la personnalité, dans lesquels la conscience de soi est moins accentuée ou même fait défaut, pourraient bien être les modes généraux (ou les modes fondamentaux) de la conscience. »

Il enchaîne à la page suivante avec A.F.Bentley (1870-1957 ; épistémologue plus que psychologue) : «  L’individu en peut être banni qu’en faisant preuve d’un surcroît d’existence, et non en prétendant qu’il en manque. Si l’individu disparaît, ce sera parce que la vie réelle des hommes, explorée assez largement, s’avère trop riche pour lui, non parce qu’elle se montrerait indigente. »

Et commente ainsi :

« Il suffit de regarder les traits pleins de vie et de personnalité, les yeux attentifs des grands maîtres du zen que représentent les peintures chinoises et japonaises, pour comprendre que l’idéal qu’elles illustrent est tout autre chose qu’un non-être collectif ou la dissolution dans les limbes d’un ego débile. » (p 16)

L’erreur égotiste et son corollaire quasi obligé d’un comportement égoïste est de trop mettre en avant ce qui n’est qu’un élément de la réalité d’une personne et de son existence. « C’est comme si on voulait faire honneur à la main en la coupant du bras ! » plaisante Alan Watts.

&

Mais, je m’en avise, je n’ai pas réellement commenté ce chapitre un.

Pour le faire, il faut sortir un peu de sa ‘circonscription’.

La ressemblance commune (le point commun n’est pas la chose elle-même, mais ce qui y ressemble, ce qui fait qu’ils se ressemblent) est le changement opéré.

D’une façon générale, le psychothérapeute intervient pour modifier la perturbation dont souffre son patient. Les moyens de libération, pour conserver l’expression d’Alan Watts, s’adresse à des personnes socialement bien intégrées et adaptées à la société dans laquelle ils vivent, mais qui cherchent quelque chose de plus.

Nota : à la parution de Psycho…(1961), Chogyam Trungpa ne s’est pas encore installé aux USA2. C’est justement au cours des années 60 que le Contre-Culture américaine va se « spiritualiser », et, en périphérie, devenir « religieuse », voire très nettement « superstitieuse ».

Cela n’implique pas qu’avant les années 70, les questions posées et les réponses apportées aient été moins pertinentes. Elles demeurent d’ailleurs d’actualité !

Simplement, ça se présentait autrement. Les journalistes français qui allaient enquêter de l’intérieur le milieu du « Beat Zen » se voyaient souvent accueillis d’un « Simone et Jean-Paul vont bien ? » Simone de Beauvoir s’entend ; et Jean-Paul Sartre, bien sûr, jugés très « zen », par l’idée d’un individu particulier condamné à la liberté mais en butte aux jugements d’une société au mieux limitative, au pire aliénante. Leurs figures associées à l’image d’un St. Germain des Près (au quartier latin) des caves du Jazz et de l’alcool, du libre choix sexuel et des conversations sans fin mélangeant allègrement le sublime et plus trivial de l’existence.

La question demeure : changer, mais pourquoi ? Généralement, on désire changer en vue d’un mieux.

(Dans le cadre de ce billet), je voudrais aller du plus superficiel au plus profond. Ce qui, après tout, se nomme « approfondir » la question.

Superficiellement,

En Occident, s’agrandir, s’élargir, aller mieux implique le plus souvent l’acquisition d’un nouvel avantage social (particulièrement en France, via les augmentations de salaire ; ainsi, notre national Mai 68 est il passé d’une image de révolution culturelle à celle de négociation de Grenelle3), généralement limitée à son propre groupe, ou à sa propre catégorie sociale, parfois à son seul ‘ego à soi’. L’identité est soi-même en tant qu’individu. Quand on est plus religieux, on se confie à Dieu, ou à l’Être Suprême qui en tient lieu, ou à telle valeur supra-individuelle vécue en fait comme un recours vivant. La religion n’est jamais envisagé dans sa dimension mystique. La ligne de partage paraît se situer entre les matérialistes qui promettent le bonheur pour bientôt, et les croyant/religieux qui espère un « Au delà ».

D’autres caractères seraient sans doute à dégager, le point commun est l’individu limité à son ego, généralement lui-même réduit à sa part consciente et raisonnable. (Le scandale de la psychanalyse étant de prétendre que des motivations inconscientes puissent influencer, parfois même entièrement commander l’action et le comportement quotidien.)

Le point fondamental est la position dualiste, que ce soit pour chercher protection, son avantage ou pour servir.

Quand, épisodiquement, l’ego s’identifie à un grand nombre d’autres egos, regroupés ensemble et dont il fait partie, la suspicion de fascisme survient assez rapidement, furtivement ou à hauts cris. Ce qui permet de juger tout rassemblement de masse (n’importe quelle foule) déraisonnable et manipulable. La distinction entre foule de circonstance ou fortuite et ‘foule’ organisée ou canalisée, ou encore fortement disciplinée, tel un défilé militaire, etc n’est d’aucune importance pour mon propos. (Lequel demeure, à la suite de Watts dans Psycho… qui est Moi et est-il susceptible de changement ? Vers une bonne santé mentale, du point de vue psychothérapeutique ; vers une libération (de soi4), du point de vue oriental.

J’exprime mal, ou insuffisamment, quelque chose qui semble (je dis bien qui semble) avoir disparu5 : toute psychothérapie, donc toute consultation d’un psychothérapeute, voire toute étude psychologique prenant l’individu pour objet relève de préoccupations bourgeoises. Effectivement, il faut du temps, et de l’argent, pour pouvoir se préoccuper à loisir de ses états d’âme. Sauf défaillance nerveuse, les besoins primaires ou de survie, l’action, le danger, les situations difficiles peuvent avoir un effet unificateur sur la psyché.

 

Profondément,

Comprendre que l’intérêt écologique individuel est celui de mon Moi le plus réel.

(à suivre, en PS)

 

 

1J’ai déjà utilisé ce terme pour désigner sa découverte de l’École Traditionnelle, puis son « entrée » en Tao. J’y reviendrai à nouveau...

2Et n’a donc pas publié son livre sur le ‘matérialisme spirituel’ de l’Occident. Cutting through Spiritual Matérialism, 1973. tr. fr. au Seuil, 1976, sous le titre Pratique de la Voie Tibétaine, Au-delà du matérialisme spirituel.(Sa2)

3La première était aussi illusoire que la seconde était en trompe l’œil, si l’on considère qu’une augmentation de salaire équivaut rarement à celle d’un pouvoir d’achat – du moins de façon durable.

4La précision est prématurée par rapport l’exposé de ma réflexion, mais qu’il soit clair qu’il s’agit de se débarrasser du fardeau de soi-même et non d’un ‘soi’ égotiste libre (et stable dans sa volonté) de ‘faire ce qu’il veut’.

5La psychologie collective a droit de cité, au moins depuis 1945, fin de la guerre.

1 juillet 2016

Reprise Psy Or Occ - 03, 2/3

(Bien entendu, ce que le précédent billet, citant Needlam disait : « ...à la science occidentale, non ! » s’applique à l’économie européenne; et, au sujet des particularités pathogènes propres à chacun des groupes sociaux, se concrétise également dans ce nouveau groupe qu’est la nomenklatura des institutions européennes.)

Les psychothérapies et les moyens de libération spirituelle ont en commun, nous dit Watts, une transformation de « la conscience du sentiment interne de l’existence personnelle ; ensuite, l’affranchissement de l’individu par rapport aux formes de conditionnement que lui imposent les institutions sociales. »

« La psychanalyse n’atteint son propre accomplissement qu’en se faisant analyse historique et culturelle. », ainsi que l’a formulé Norman O. Brown. L’efficacité de la conversation sur le divan trouve rapidement sa limite (de même que la sphère spirituelle ou la religiosité qui ne seraient que conviction individuelle isolé dans un clos privé et hermétique aux influences sociales et naturelles, qui s’interdirait toute action sur ses conditions de vie. Considérer une meilleure liberté d’action comme preuve de santé mentale ne peut qu’impliquer une exploration de l’ensemble des facteurs inconscients qui prétendent imposer, limiter ou manipuler les contextes d’exercice de cette même liberté d’agir et de se comporter au monde.

La perspective n’implique aucun esprit de nivellement ou de normalisation (autre que celle de qualité et de protection des falsifications diverses).

(« Dans la construction européenne, le principe de subsidiarité, est une règle de répartition des compétences entre l'Union et ses Etats membres. En dehors des domaines de compétences qui lui sont propres, l'Union Européenne n'agit que si son action est plus efficace que celle conduite au niveau des États ou des régions. »1)

On peut tenir pour assuré qu’il existe un « lien karmique » entre l’attitude des européens vis-à-vis de la pauvreté et de l’Islam, les attentats du Bataclan et d’Istambul, l’incurie des politiques qui semble vouloir s’étendre de plus en plus, la « crise européenne », la rivalité interne des anciennes puissances coloniales, la domination américaine, la remontée en puissance de points d’attraction tels que la Chine, le « monde arabe » et la Russie…

et le café noir que moi « je » prends au zinc du bistrot du coin.

Le tissu des liens karmiques personnels, des plus nobles aux plus triviaux sont intégrés au karma collectif, ses lois naturelles, ses fonctions, ses instrumentalisations sociales et ses manipulations politiques.

Cela ne veut en rien signifier qu’il faille (pour une bonne santé mentale ou une libération spirituelle) intervenir sur tous ces points, et beaucoup d’autres. Statistiquement, sur les sept milliards de terriens, le nombre des individus touchés par les balles au Bataclan, à l’Atatürk Airport d’Istanbul et ailleurs demeure infime. Pourtant, métaphysiquement & éthiquement, au niveau d’une conscience personnelle réellement planétisée, chacun, tout un chacun, est le tireur et la victime !

Cette constatation peut amener une sensation d’impuissance et de désespérance, susceptible de faire excellente litière à n’importe quel trouble mental personnel, provient – selon Alan Watts – de la méconnaissance du caractère conventionnel des règles du jeu de la Vie.

Le premier pas vers une bonne santé mentale et spirituelle est de ne pas prendre trop au sérieux les règles du jeu (et de l’ego), tout en sachant qu’elles sont aussi nécessaires que la grammaire, le système métrique ou le code de la route. Corrélativement, comprendre que la relativité de l’injonction de rouler à gauche ou à droite n’implique en rien qu’il soit bon de rouler indifféremment à gauche ou à droite, de passer au feu rouge et de s’arrêter au feu vert selon son bon plaisir, et cœtera !

1Source : http://www.toupie.org/Dictionnaire ; cf. Wikibéral, à l’entrée « subsidiarité ».

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